Drame indé de jolie facture mais sans réel génie, Cake a la très grande qualité de traiter avec un certain tact le thème du deuil et de la souffrance physique et psychique. Le film arbore une certaine humilité par rapport au sujet, en évitant tout pathos superflu et en jouant sobrement sur les ellipses.
Si le film souffre de maladresses au niveau de la mise en scène (les ‘visions’ de l’amie suicidée n’apporte pas grand-chose), celle-ci remplit le cahier des charges des réussites made in Sundance. Une belle image, un montage efficace, une lumière élégamment filtrée, une caméra parfois bringuebalante, on est un terrain connu. Ce qui l’est moins, c’est le rôle qu’endosse Jennifer Aniston. Enlaidie, bouffie, défigurée, Rachel Green est bien loin. Mais l’actrice confirme ce qu’elle laissait déjà entrevoir dans la sitcom, où son jeu se révélait le complet et le plus juste de la bande, ou plus encore dans le formidable The Good Girl sorti il y a 10 ans, qui n’a incompréhensiblement pas lancé sa carrière dramatique. En incarnant Claire, femme détruite dans tous les sens du terme mais refusant qu’on s’apitoie sur son sort, elle n’est jamais dans la démonstration et reste très juste de bout en bout, réussissant le difficile dosage entre humour cassant, second degré et réelle détresse. Il faut une sérieuse intelligence de jeu pour ne pas rendre le personnage insupportable, ce que réussit admirablement Aniston.
Si elle porte le film, elle est aussi très bien entourée, de la gouvernante latino drôle et touchante en passant par Sam Worthington, assez juste en veuf perdu et en colère.
Si on ne lui demande pas d’abandonner la comédie, où elle a peu d’équivalent, on espère cependant revoir rapidement Jennifer Aniston dans un registre proche de celui de Cake. Parce qu’elle y est épatante.