Si Cake commence avec justesse dans le cynisme, sans nous embarrasser du pathos que cette femme aurait le droit de nous infliger, ne dévoilant ainsi pas toute sa douleur dès les premières secondes avec des images lourdes de sens, le film se morfond pourtant, car à ne faire que suivre Jennifer Aniston sans regain de survie ou d'envie de continuer, le spectateur lui, passe son chemin.
Si tout le monde s'accorde sur la performance de Jennifer Aniston, c'est surtout parce que madame ne se cantonnait jusque là que dans des rôles de comédie. Même si elle est la seule rescapée de Friends à figurer sur grand écran, elle reste cependant Rachel. On doit lui reconnaître quelques efforts pour s'éloigner d'un personnage légendaire du petit écran (à savoir Comment tuer son Boss où comment s'inscrire dans du gross-out pour casser son image), je n'avais pas besoin de me convaincre de son talent, et encore moins du côté sans maquillage et sans fard pour savoir qu'elle était bonne actrice, son petit rôle dans Dérapage avait de quoi surprendre.
Néanmoins Cake lui offre la performance que toute actrice rêve d'endosser, le rôle typique à oscars surtout quand vous avez passé l'âge fatidique de la jeunesse dans un monde superficiel. Jennifer joue bien, mais Jennifer évolue (ou plutôt n'évolue pas) dans un film qui reste trop plan-plan, si on est enchanté par le cynisme, il ne va jamais trop loin, tout comme ses tentatives de remonter la pente qui ne sont jamais guère convaincantes.
Le film lance pourtant plein de pistes possibles mais jamais approfondies. La pseudo relation amicale entre Claire et Roy, la présence fantomatique de Nina qui ne joue pas assez sur la carte de la cruauté, ou bien l'arrivée d'une apprentie actrice très vite envolée.
Tout le monde gravite autour du personnage sans pour autant parvenir à faire évoluer cette femme éplorée (mis à part son employée de maison). Si le pathos ne pointe le bout de son nez que vers la fin du film, même si l'émotion est là, on est devenu hermétique, car il est devenu de plus en plus difficile d'être émue par cette femme qui ne sait quoi faire de sa vie. Au final on suit Jennifer sans plus d'envie que cela, le spectateur reste alors spectateur d'une femme qui se complaît dans sa tristesse ; non pas que le sujet n'a pas lieu d'être mais la mise en scène, de même que la direction artistique, auraient pu rendre cette tranche de vie plus intéressante, ou du moins plus expressive. Le côté réaliste que le film veut à tout prix garder ne nous aide pas à comprendre plus cette femme qui tente de survivre ou pas avec sa douleur tant physique que morale. La vie continue...

LuluCiné
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le 20 avr. 2015

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