Je suis très ennuyé avec ce film qui n'est pas désagréable à regarder, loin s'en faut, mais pour lequel je n'ai ressenti aucune charge émotionnelle. Sous entendu me faire surprendre par une situation, une scène, un échange qui ne soient pas commandités par le réalisateur. Avec sa mécanique huilée, le spectateur doit s'émouvoir, sourire, voire pleurer au moment où il le choisit. A aucun moment je n'ai trouvé d'aération.
C'est l'un des premiers écueils. Il y en a d'autres. Le scénario, notamment, de et à la James Ivory. Ce grand réalisateur a fait les beaux jours du cinéma dans les années 80/90 avec son scénariste attitré Ruth Prawer Jhabvala pour de bons films, un peu précieux ("Maurice"), parfois surannés ("Mr & Mrs Bridges") ou à la subversion sage et toute en retenue ("Les vestiges du jour", "Quartet"). Et c'est un peu cette réserve narrative à la E.M Forster qui plombe le film. L'action se situant en 1983, la description de l'environnement élitiste où évolue Elio semble quelque peu désuète. On a toujours l'impression que va débarquer Cecil Vyse de "Chambre avec vue"...
Et le problème se généralise par la mise en scène de Luca Guadadigno est des plus impersonnelles, il n'a de cesse de vouloir nous livrer une jolie bluette... belles personnes... sentiments contrastés... cadre très cosy... Cela sert à nous faire passer un bon moment (même si une bonne 1/2 heure en moins aurait été salutaire) mais jamais parvenir à nous faire oublier que tout cela n'est que procédés... Ne restant alors en perspective qu'une espèce d'approche fantasmatique de la situation.
Globalement les acteurs sont plutôt bons avec notamment Michael Stuhlbarg, Amira Casar, Esther Garrel qui confirme bien son talent découvert dans "L'amant du jour" et bien sur Timothée Chalamet. Seul Armie Hammer est à la traîne avec sa plate incarnation d'Oliver, d'autant plus qu'il paraît 10 ans de plus que son âge !
En écrivant ces lignes, je me rends bien compte combien je suis isolé. Critiques et publics étant entièrement conquis. Peut-être est-ce une question de subjectivité, et que l'éveil du désir fut dans mon jeune temps plus passionnel et passionnant, moins formel et nonchalant... qu'il résonne encore avec force et emportement. Peut-être...