Une villa italienne, un jeu de séduction entre les personnages, Call me by your name ressemble de prime abord au dernier film de Luca Guadagnino A Bigger splah. Cependant, le réalisateur livre un mélodrame plus émouvant et qui fait preuve d'un lyrisme incontestable.
A l'été 1983, Oliver (Armie Hammer), un étudiant en archéologie, grand et athlétique, tel les sculptures qu'il étudie, débarque dans la vie du jeune Elio (Thimotée Chalamet). Il vient passer les vacances en Italie dans la villa des parents de ce dernier pour assister son père dans ses travaux. Une histoire d'amour va alors naître entre ces deux jeunes gens, à première vue, opposés (l'un est adulte et fort, l'autre adolescent plutôt fétiche). Certains spectateurs se plaindront sûrement de la lenteur qui caractérise la quasi totalité du film, quelques scènes pourraient paraître inutiles, voire trop descriptives. Le spectateur reste dans l'attente de quelque chose et observe, tout comme Elio ne cesse d'observer Oliver. Celui-ci nous agace au début, tout comme il agace Elio. Une sorte de double jeu se met en place : ils s'évitent puis se désirent puis s'évitent à nouveau. D'abord dans la retenu, les jeunes amants vont enfin se révéler leur désir mutuel.
Ce duo marche à merveille grâce à l'alchimie entre les deux acteurs, cette tension sensuelle entre ces deux corps, presque toujours à moitié nus. Entourés par de très bons seconds rôles (Michael Stuhlbard, super en père bienveillant), Armie Hammer est tout à fait crédible en étudiant séduisant et Timothée Chalamet livre une performance poignante jusqu'à la dernière scène, inoubliable. Grand favoris, cette interprétation lui a valu une nomination à l'Oscar du meilleur acteur à seulement 22 ans et il se pourrait bien qu'il soit le plus jeune à remporter la statuette. Outre les acteurs, Call me by your name est également nommé pour sa musique, constamment présente et qui évoque la nostalgie. Elio se ballade dans la villa aux couleurs chaudes, lieu idyllique, s'occupe en écoutant et en traduisant la musique. De Bach à Erik Satie, c'est surtout les sublimes chansons de Sufjan Stevens qui nous bercent. La musique a effectivement une place très importante au sein du film, tout comme les arts en général avec la sculpture, la littérature. On peut ainsi le considérer comme une ode aux arts, voire au monde : Guadagnino fait parler ses personnages en anglais, français, italien et allemand.
Adapté du roman d'André Aciman, le long métrage de Guadagnino n'est pas sans rappeler l'idylle du Secret de Brokeback Mountain. Grand Prix du festival du film LGBT Chéries-Chéris, Call me by your name n'a pas seulement un discours sur l'homosexualité mais parle avant tout d'amour. Romance d'une sensualité et d'une sensibilité rare, le film émeut, notamment par sa capacité à nous faire revivre nos amours de jeunesse.