Camille redouble est encore un des innombrables films surfant sur la vague Quartier Lointain, ou même sur n'importe quel scénario américain entre Un jour sans fin et Peggy Sue s'est mariée. D'ailleurs, ce dernier est sorti en 1986, et le film français se passe un an plus tôt ; le puriste qui est en moi a en outre repéré deux anachronismes. Après une introduction satirique des figurants dans les productions nanardesques grostesques (c'est pour faire vendre) et un générique avec un chat (c'est pour faire vendre), le début est un peu lent.

Jusqu'à ce que Camille s'évanouisse (c'est pour faire vendre) et se retrouve en 1985, une époque où les professeurs de lycée avaient encore du cynisme et de la répartie pour assoir leur autorité. Et là, le film réussit à ne pas se fondre dans la masse, avec un jeu d'acteur et un casting exceptionnel (Lvovsky tout en sensibilité et émotions, Yolande Moreau méconnaissable, Podalydès superlativement lui-même). L'humour y est surtout très générationnel. Les premiers baisers des différents personnages ont des airs de La Boum, les décors et costumes sont très recherchés pour coller à un certain kitsch 80's, et les énumérations de chanteurs morts m'ont arraché beaucoup de sourires du haut de mes 19 ans (je suis vieux et je vous emmerde). Mention spéciale, les références musicales sont excellentes, grâce à Nena et surtout Barbara, et jamais l'utilisation d'une chanson n'aura eu plus de sens.

Reste le parti pris très questionable de l'apparence physique ; les personnages principaux (Camille & son mec) sont les mêmes à 16 ans qu'à 45 ans ; si il nous indique que l'apparence physique n'est pas importante et que ce sont nos choix qui comptent, ça nuit fortement au réalisme que véhicule le film dans sa totalité, ce qui compréhensible, mais dommage. Ça aurait permis de voir une évolution des personnages, de les définir plus en creux. Tant pis.

Mais du reste, il n'y a pas qu'une histoire d'amour, il y a toute cette question du regret, de la fatalité, qui est vécue est acceptée, sans dénouement cliché happy end, sans pathos non plus. L'année française est un assez bon cru.
Ashen
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le 30 sept. 2012

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