Un petit chef d’œuvre du nanar, qui rentre largement dans le top 10 de la compet du meilleur nanar jamais réalisé. En effet, il n’est pas une seule scène de ce film qui n’ait pas été déjà tourné en différent, dans un autre film qui a marché. Quand Horror Cannibal ne refait pas Cannibal Holocaust, c’est qu’il est occupé à refaire Aliens de Cameron ou qu’il refait Predator avec des Cannibales à la place. Horror Cannibale est une sorte de version tarée de Cannibal Holocaust, un objet mongoloïde immonde, prenant totalement à contre-pied les messages de son modèle en grossissant les clichés à l’extrême, en faisant des raccourcis si maladroit qu’ils nous arrachent des éclats de rires, et en se révélant tout simplement si mauvais qu’il en devient immédiatement culte. Quand un personnage déclare « Saleté de sauvage », Bruno a l’air de le penser vraiment, montrant les tribues sauvages comme des primitifs dénués de la moindre notion de civilisation, qui gesticulent en criant des ouhga Bouga parce que le cliché fait folklorique et que les touristes leurs jettent des cacahouètes quand ils font ça. Plus grave encore, Mattéi relance la question de la violence sur les animaux en tuant un marcassin en direct. Seulement, si Cannibal Holocaust faisait de même, mais en tuant rapidement les bêtes et par soucis de réalisme, Bruno nous montre un porc qu’on poignarde à plusieurs reprises, sans beaucoup d’intérêt autre que de faire souffrir la bête. Et pourtant, tout le monde a l’air de s’en foutre (à moins qu’il ne s’agisse d’un trucage, auquel cas cet effet réaliste est très réussi). Ici, nos héros sont des militaires attardés échappés d’Aliens et de Predator, qui nous balancent leur texte en criant fort pour avoir l’air impressionnant. On ne saurait remercier assez les doubleurs qui nous gratifient comme d’habitude de dialogues made in Mattéi, donc avec un sens démesuré de la connerie verbale. Entre un caporal noir qui zézaie comme un diable et un guide qui nous gratifie d’un « je sais pas pourquoi, mais ta gueule me donne envie de vomir ! », le spectacle offre largement son quotas d’imbécilité. Puis nos soldats abattent des sauvages sans le moindre soucis moral, l’histoire se construit au fur et à mesure du film (si vous n’avez pas vu Cannibal Holocaust, vous ne comprendrez probablement pas grand-chose, Horror cannibal jouant beaucoup sur l’implicite à ce niveau là (quand il nous donne le nom des tribus (qui changent à chaque nouveau dialogue), il ne précise pas si elles sont cannibales ou non, il faut se rappeler de l’histoire de cannibal holocaust pour trancher…). Enfin, le message sur les sauvages est clair : ce sont des primitifs prompt à vous liquider si vous venez leur chercher des poux, et les soldats ils sont méchants. A ce titre, on notera l’interprétation tout en finesse de Vasquez II, la femme d’action du film qui passe son temps à dire qu’elle veut buter les sauvages, avant de se suicider en tapant deux grenades ensemble, et du blanc chauve qui pète un câble, nous gratifiant d’un des monologues dramatiques les plus lamentables que j’ai pu voir de ma vie. Très sincèrement, cet Horror Cannibal 1 est un vrai plaisir, un bras d’honneur intégral au bon goût et une œuvre de destruction massive pour le cinéma, capable de saper tous les block buster violés par l’objet en question. Ne pas le voir à moins d’être prêt à remettre en question les valeurs du cinéma pré-citées. Sinon, un vrai bonheur.
Voracinéphile
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le 13 mars 2014

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