Captain Colgate et Olga Oulala
Quand je regarde un Blockbuster, surtout les Marvel, j'aime garder à l'esprit qu'il y a un certain nombre de poncifs à tolérer pour ne pas rester bloqué la tête dans les mains avec une envie concrète de pendaison.
Je sais. Oui, je sais que le scénario sera ultra balisé, pour plaire à la femme trentenaire Csp +, aux hommes de moins de quarante cinq ans et de plus de quinze ayant regardé au moins un playboy cette année, aux fans de pimp my ride, et aux enfants de moins de 15 ans ayant acheté au moins un épisode de DC Comics ou de Marvel au cours des six derniers mois.
Je sais que le film regorgera d'un certain nombre de placements produits.
Je sais que la fin sera une introduction pour le prochain opus, parce qu'il faut rentabiliser la licence.
Je sais qu'elle ne sera ni choquante, ni marrante, ni originale, ni... Enfin, qu'elle sera convenue.
Je sais enfin que le film sera gorgé de spécial effects et de money shots, because they have the money et que le public il veut du spectaculaire en veux tu en voilà.
Je sais.
Mais il y a des films où rester jusqu'à la fin s'avère horriblement dur. Vraiment. Et je sais aussi que je peux en avoir pour mes a prioris, de temps en temps. Alors j'ai regardé, encore et encore, avec une lueur d'espoir dans les yeux.
Mais voilà... Le Soldat de l'hiver est une véritable caricature. Là où Avengers avait estampillé une sorte de standard, oscillant entre rythme élevé, humour décalé et détachement, ici on a tout l'inverse.
Le film se prend trop au sérieux. Fini le pop corn et les répliques marrantes. Fini l'action débridée et le scénario minimaliste mais bien géré. Bienvenue lourdeur, clichés et ennui. La seule chose qu'on vous épargne ce sont les rires pré-enregistré, ça choquerai les fans de Friends de plus de 25 ans.
C'est consternant.
Le rythme est très mal géré, permutant entre grandes phases d'introspections ponctués de dialogues ultra labellisés, ridicules, et des scènes d'actions certes spectaculaires mais mal amenées ou noyées dans cette pseudo intrigue de conspiration / thèse du complot éculée. Tout est lisse et sans surprise. Les longues phases de dialogues rentrent à ce point dans des cases qu'on pourrait faire du légo avec.
J'ai eu honte pour les scénaristes, parce qu'avec le recul, je me dis que tout est un gigantesque renoncement.
Si on fait par ailleurs abstraction du fait que TOUT, absolument TOUT se voit venir à dix lieues à la ronde dans la trame, ce qui est déjà balaise, on ne peut que souffler devant le reste. Tous les personnages sont stéréotypés à mort. Les plans de caméras quand ils ne sont pas mal fichus pendant les scènes de combats; sont standardisés à outrance pendant les dialogues: plans large / départ figurants / plan Américain / sourire Colgate / texte dramatique / boutade / sourire Colgate.
Et puis bien sur, placement produit à intervalles fixes.
Franchement j'ai du mal à m'en remettre, parce que les dernières fournées Marvel étaient plutôt pas mal. J'avais bien accroché au deuxième opus de Thor, qui m'avait bien plut pour son humour décalé et son ton détaché, de même qu'Avengers, avec son rythme élevé et son côté grand spectacle assumé. J'avais soufflé devant Iron Man 3, mais je lui reconnais un certain charme grâce au personnage de Stark bien géré au demeurant. Mais là, y'a rien bordel !
Conclusion: C'est niais, mal filmé, inintéressant, et extrêmement balisé. Ça vous liquéfie littéralement le cerveau. Donc quitte à prendre un Yes Man pour faire ce genre de film, autant prendre des valeurs sures... Et si c'est le co-réalisateur qui fait bien le troisième opus, je ne verrais plus jamais une poutre apparente de la même manière...