Présenté comme le gros coup de coeur du Festivals du cinéma américain de Sundance 2016, "Captain Fantastic" fait partie de ces films qui, à l'instar de "Little Miss Sunshine" en son temps, auront suscité une grande attention médiatique, suivi d'une certaine attente auprès du public.


Film américain indépendant s'il en est, "Captain Fantastic", après visionnement, confirme ses belles promesses : en effet, le film est très réussi à plus d'un titre et, de mon point de vue, fait d'ores et déjà partie de mes films préférés de l'année.


"Quid" alors du film en lui-même ?
Une famille nombreuse américaine vivant en pleine nature sauvage, emmené par un père en apparence "célibataire" (son épouse se trouve en fait à l'hôpital, plongée dans un profond coma), qui décide, après moult réflexions et interrogations, de retourner à la terre ferme, soit "la vraie ville", afin d'assister aux funérailles de la dite épouse. Ce qui, bien sûr, ne sera pas sans conséquences pour les différents membres de cette famille quelque peu particulière.


S'ouvrant sur des paysages naturelles d'une beauté renversante, prenant le temps de dévoiler la nature dans ce qu'elle a de plus beau et sauvage (cascades, cerfs, herbes, bois) par le biais de plans longs, le film situe d'emblée son propos, faisant découvrir aux spectateur l'environnement quelque peu différent dans lequel vit les personnages qu'ils s'apprêtent à découvrir.
Construit en trois actes à la fois distincts et semblables tant au niveau de la forme que du fond, le film prend la forme d'un croisement entre un road-movie familial gentiment barré (façon "Little Miss Sunshine" encore une fois) et un drame intimiste, faisant ressortir par petites touches à la fois les joies et les frustrations des membres de la famille. Cela étant, "Captain Fantastic" se caractérise aussi par des moments de pure comédie, moments par ailleurs assez réussi, reposant en grande partie sur le choc des culture entre les moeurs de la famille et celles de la société américaine habituelle, qu'ils ne connaissent pas, à l'exception notable du père.
C'est là que réside l'une des grandes forces du film; à savoir le fait de mêler de manière subtile et jamais tape-à-l'oeil le drame, la comédie de même que les interrogations existentielles de chacun des protagonistes, renvoyant d'ailleurs le film du coté d'un certain cinéma d'auteur, tout en restant accessible auprès d'un large public.


Emouvant sans jamais être larmoyant, drôle en évitant toute forme de lourdeur, réflexif et philosophique sans sombrer dans le sur-intellectualisme, "Captain Fantastic" représente la preuve que le cinéma n'est jamais aussi bon que quand il concilie à merveille le sérieux et le populaire, preuve, à l'instar des films de Jeff Nichols, d'une sorte de renouvellement du cinéma d'auteur américain, un cinéma à la fois réflexif et accessible car susceptible, de par ses thèmes et sa mise en scène, de s'adresser à un très grand nombre de spectateurs.


L'autre grand atout du film réside également dans la qualité de son interprétation. Le talentueux et trop rare Viggo Mortensen, tout en charisme et en retenue, est tout simplement magistral dans le rôle de Ben, ce père de famille visiblement en conflit avec la société américaine qu'il prend méticuleusement soin d'éviter, d'où son choix, effectuée jadis avec son épouse, de vivre en pleine nature sauvage, tout en éduquant ses enfants, et en leur faisant pour ainsi dire l'école en solitaire, en les faisant lire, écrire et étudier. Si les Oscars le veulent bien, ce cher Viggo pourrait bien se voir nommer, et ce serait largement mérité. A ses côtés, l'ensemble des jeunes acteurs composant sa "famille" sont eux-aussi très bons, de même que le reste du casting, à l'instar des éternels seconds couteaux Frank Langella et Steve Zahn dans des rôles secondaires assez marquants.


Au final, ce fameux "Captain Fantastic" se révèle ni plus ni moins qu'un très grand film, une bien belle claque, un plaisir de cinéma à la fois touchant, drôle et rafraîchissant, à la réalisation classique et sobre, à l'interprétation de très bonne qualité, et qui ne manquera de toucher le plus grand nombre de personnes, tant ses thèmes à la fois personnels et universels (la famille, la vision de la société dans laquelle on évolue, l'éducation, le mode de vie) sonnent très justes et très contemporains.


A ne pas rater, donc !

f_bruwier_hotmail_be
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le 5 nov. 2016

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