Le père tout puissant

Captain fantastic c'est l'histoire d'une famille utopiste-anticapitaliste-extrémiste des origines qui vit dans la forêt. C'est la confrontation de la vision personnelle d'un monde offert par un père et la société moderne américaine à l'occasion de la mort de sa femme. Le film regorge de dialogues savoureux illustrant les préceptes de ce père devenu l'unique repère de ses enfants, leur mère bipolaire ayant mis fin à ses jours. On oscille entre le rire (douce moquerie quand le fils fait sa demande en mariage après avoir embrassé pour la première fois une fille) et l'aterrement selon les moments car il est établi que ce père (captain fantastic?) a dépassé les bornes en coupant ses enfants du reste de la civilisation : pas d'école mais un programme éducatif tout personnel (Noam Chomsky est leur père noël), chasse et entrainement sportif tous les jours, quitte à mettre leur vie en danger.

Passé le bon moment, ce qui m'a dérangée en fait c'est que l'on sent que la narration va dans le sens de cette éducation, on ressent de l'empathie pour ce père qui risque surtout de faire de ses enfants de grands asociaux. La morale de cette histoire, car évidemment il y en a une, c'est que l'on peut endoctriner ses enfants mais en respectant quelques règles, dont les envoyer à l'école afin de leur procurer un minimum d'échanges sociaux et de garantir leur sécurité. En effet, malgré les menaces d'un grand père furieux, un fils qui remet en cause l'autorité de son père et surtout crève de chagrin à cause de la disparition de sa mère, les enfants resteront avec leur père. Ils feront même la cérémonie funéraire de rêve que souhaitait leur mère (la déterrant au passage !). C'est un film sur le libre arbitre et la liberté d'éducation qui a un petit arrière goût amère en définitive.