"La République de Platon !"

«Nous vivons dans la République de Platon, nos enfants sont des philosophes rois». Voici, couchés sur le papier, quelques mots d'amour de Leslie A.Cash écrits à l'attention de Ben, son mari (Viggo Mortenssen). Des mots qui sonnent comme un requiem, Leslie, malade, aujourd'hui n'est plus. Elle laisse derrière elle ses enfants. Six enfants élevés par Ben, leur père ou plutôt leur guide spirituel. Vivants en marge de la société, dans une forêt, Boevan, Kielyr, Vespyr, Rellian, Zaja et Nai ne se construisent pas comme des enfants ordinaires. Les journées sont faites de chasse (génial prologue du film), d'exercices physiques hétéroclites (tire à l'arc, escalade, cross, close combat), sous la bienveillance de Ben, mentor et père. Les soirées plus calmes sont des moments de philosophie et lecture autour du feu. Dans l'absolu, une vie dure mais humainement idéale, malheureusement non compatible avec le XXIème siècle. Impossible de ne pas voir le road movie «Into the wild» de Sean Penn dans «Captain Fantastic». Matt Ross oriente son film vers une magnifique fable humaniste et surréaliste (le repas de famille) rappelant le génial «Mosquito Coast» de Peter Weir tant le rôle de Ben (Mortenssen) fait écho à celui d'Allie Fox (Harrison Ford) il y a 30 ans. Au même titre qu'Allie Fox, Ben, écoeuré par cette société ultracapitaliste, n'a de cesse de vouloir protéger les siens, quitte à vivre en marge. «Captain Fantastic» est une bouffée d'oxygène dans ce monde asphyxié par la pensée unique.