Ne nous méprenons pas : je suis foncièrement de gauche. On peut même dire que je suis socialiste, pour de vrai.
Or Captain Fantastic a un très gros défaut, il est un peu fasciste. (gasp fait le lecteur)


Tout d'abord, c'est un joli film. Une belle réa, des beau paysages, un vrai bon jeu d'acteur, une BO bien choisie et sympa, c'est un feel good/road movie entre rires et larmes. C'est assez sympa (bon moi je me suis ennuyé au milieu, mais je m'ennuie vite) et ça doit être cool a voir en famille pour en discuter après.


Là où le bat blesse c'est l'idéologie qu'est sensé promouvoir le film. Remettre en question le système scolaire et la société et une chose, choisir d'élever ses enfants dans la forêt pour qu'ils n'en fasse pas partie en est une autre.
Sur le fond je suis d'accord, mais ce films me laisse l'impression d'avoir été écrit pour Karen, 46 ans, qui mange bio et qui ne jure que par l'éducation Montessori en tweetant sur son IPhone.
C'est un film pour se donner bonne conscience, taillé pour Sundance, approuvé par Bernie Sanders.
Sorti en 2016, a peine un an avant l'élection de Donald Trump, il est profondément symptomatique d'une Amérique coupée en deux, qui regarde l'autre bord d'un mauvais oeil tout en évitant soigneusement de s'y confronter.
Comme on dit, l'art est le témoin d'une époque et ce film est celui d'une fracture profonde qui a plongé les Etats Unis dans un chaos politique. Il pousse à la caricature, et le plus terrible est encore qu'elle l'est autant pour un parti que pour l'autre. Ca m'a empêché de vraiment saisir le message du film, plus loin que "la société de consommation c'est mal, élevons nos enfants différemment."


C'est un film qui prêche des convertis, qui ne pose pas vraiment de questions au delà de celles qu'on se pose déjà et surtout qui n'a absolument aucunes réponses. Je ne pense pas me tromper quand je dis que tous partir dans les bois vivre dans des yourtes n'est pas une réponse. Alors oui, le film, vers la fin (5 minutes environ) nous dit qu'il faut un milieu et envoyer nos enfants à l'école.
Mais un milieu entre quoi et quoi? A quel degré? Et les enfants en question, comment il le vivent? Ils s'intègrent? Il s'ennuient? Ils aiment ça?


J'irais plus loin en disant que le mode de vie que leur a imposé leur père (car non, on ne pose pas de question, et si un enfant veut partir, on va le chercher) est profondément dogmatique. Tout autant que celui du monde extérieur, la famille a ses rituels, ses figure tutélaires, ses croyances et ses règles strictes dont on ne démord pas. Sérieusement, "Noam Chomsky Day"? C'est sensé être le Noël du hippie? J'ai vraiment cru a une blague, je crois que c'est sensé être une critique mais le reste du film est si premier degré que je n'en suis même pas sûre.
On est devant le mythe du hippie, proche de la Terre, forcément bouddhiste, plus intelligent que tout le monde puisqu'il marche dans les pas de Gaïa : "regardez le petit blond qui lit Bourdieu a 7 ans avec sa peau de bête, c'est trop gnongnon <3 ". Il est gentiment éxentrique, on lui passerait presque de donner des armes a des mômes ou de les laisser se viander en varape, à 100 bornes du premier dispensaire.
Effectivement, ils ont un mode de vie dangereux, irresponsable et où la logique n'est pas tellement bienvenue... Apprendre le mandarin alors qu'on est pas sensé sortir de sa forêt, pourquoi faire? Et puis c'est qui ce type qui se sent légitime a apprendre 5 langues a ses enfants, la physique quantique, l'Histoire géo, et la philosophie au point que son ainé soit pris a Yale et Cambridge? Tout ça avec un entrainement d'athlète et des séance de yoga, plus le tamtam en cours du soir, je sais pas quand est ce que ces gamins dorment... On nage en plein délire, j'avais pas vu autant de clichés sur le "gauchiste" et de conception absurde de ce qu'est la vie en communauté depuis Podemos d'Eric Judor...


C'est finalement un film très américain: de la gentille folk, une famille brisée mais unie dans un happy end guilleret, du montage rigolo sur de la musique pop, tout va bien.
Je pourrais continuer des plombes sur les gentils enfants intélligents et le petits cons en nike qui jouent au jeux vidéos, le méchant papi qui chasse des antilopes, et les parades amoureuses absurdes. Très honnêtement c'est pas la peine de trop réfléchir d'avantage, je pense qu'on a compris le tableau.
Un peu con pour un film qui se veut engagé et qui ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes et tout le monde dans sa conception du monde.

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le 26 nov. 2017

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