Va y avoir du spoil (mais qui ne connaît pas déjà tout le déroulement?)

Bonjour Carrie White, je suis Charles Xavier et tu es une progéniture bâtarde entre Magnéto et Jean Grey.

Oui, en 2013, Carrie est devenue une mutante télékinésiste de niveau Omega. Le film est TELLEMENT démonstratif (et donc fort ridicule) qu'on s'attend continuellement à voir débarquer Le professeur X pour la prendre sous son aile et l'emmener dans son institut. Mais non, nous ne sommes pas dans X-Men mais bel et bien dans Carrie.

Petite précision, je n'ai pas lu le bouquin et s'il est aussi démonstratif (ce qui ne m'étonnerait pas de King que je n'apprécie que très modérément) c'est bien dommage d'y avoir collé. Le plus étrange pour moi, c'est que j'avais cru comprendre que le film de De Palma n'était pas fidèle au roman alors que ce présent remake en est assez similaire dans le déroulement. Donc remake du film de 76? Ce n'est pas bien important au final, intéressons-nous à cette version 2013. Le fait est que j'aime énormément le film de 76 et la comparaison est donc obligatoire.

Il y a de très bons apports par rapport à la version d'origine dont la scène d'ouverture que j'ai trouvé... Risible, sur-démonstrative... mais pas inintéressante (okay, j'avoue une part de moi a bien aimé) et le traitement du personnage de la mère (Julianne Moore qui te sauverait presque le film par sa seule présence) qui gagne du temps à l'écran et du développement personnel. Y a aussi le comportement des filles lors de la scène des vestiaires: plus graduelle, toute aussi bête et sans empathie mais bien moins méchant. Je sais pas, il y a moins l'acharnement mesquin de l'original: en tout cas, ça m'a moins donné envie de les tuer :) Sinon, en gros, on explicite tout beaucoup plus en bien (les persos secondaires) comme en mal (Budget FX à passer). Le problème majeur est que là où l'on gagne en démonstration, on perd énormément en ambiance. Tout fait très propret (la faute au numérique?). La confrontation finale Carrie/Mère perd énormément en tension (cette ambiance si particulière qui était souvent présente dans les films de cette époque 70's). Le film aurait pu être honnête mais malheureusement se casse complètement la gueule.

Le gros point faible reste Chloë Grace Moretz qu'on aurait bien plus vu en Chris (garce, antagoniste). Le fait est qu'elle est le prototype même du physique un brin putassier d'une cheerleader américaine. On ne comprend absolument pas en quoi elle est bizarre et rejetée tant elle est parfaitement normée pour être populaire (même son look ferait d'elle une parfaite Hipster/Geek au final). Jamais elle n'arrive à provoquer chez moi l'empathie et l'envie de la défendre que je pouvais nourrir pour Sissy Spacek (que je trouve très belle au passage mais dont le physique "sournois" rend bien plus crédible la possibilité d'un rejet).Passons sur ces préoccupations physiques hautement subjectives: le pire reste la caractérisation du personnage de Carrie bien qu'elle reste intrinsèquement lié à son interprète. J'en reviens donc à Sissy Spacek: sa manière d'être caché derrière ses cheveux, de se mouvoir comme pour être le plus discrète possible, sa gêne lorsqu'elle doit interagir avec des gens, tout faisait très naturel, là avec Poupouff Moretz, on y croit pas une seule seconde, même sa manière de rentrer les épaules fait fausse mais revenons au perso en lui-même.

Récapitulons, Carrie, pauvre petite ado brimée parce qu'elle est endoctrinée et étouffée par sa fanatique de mère, ne connaît donc rien des choses essentielles de l'adolescence (avoir ses menstruations, porter un anneau de pureté et se faire sauter par la porte arrière dans une bagnole - et accessoirement tomber enceinte à l'issue du lycée -, twitter sa vie inintéressante et j'en passe: oui, j'ai divergé en cours de route). Bref, en soit dans cette version du film, c'est une ado d'un autre temps ce qui la rend quand même possiblement éminemment sympathique et saine.

Petite aparté: ils n'ont pas de cours de biologie ou de sexualité dans les lycées américains? Dans les années 70, qu'ils n'aient pas abordé le sujet des menstruations en cours, je veux bien (et encore, c'était déjà limite) mais de nos jours, ça me fait vraiment tiquer MAIS je ne connais pas vraiment le système éducatif américain (ils sont tellement hypocrites/puritains que ça ne m'étonnerai pas au final). Au passage, le "Je mets ma serviette de bain parce que je reste pudique alors que je suis censée péter les plombs et paniquer parce que je crois faire une hémorragie" est le comble du ridicule. De Palma, 1 point; Remake 0 - oui, je sais que l'actrice est mineure mais il aurait suffit de la cadrer différemment.

Bref, même déroulement que le film de 76 - avec apports cités plus hauts - jusqu'au drame, et là mes enfants, quand je dis drame je pèse mes mots. Je vais même le mettre en majuscule tiens: DRAME. Aussi mal filmer une scène pivot (et mythique) devrait être puni de la radiation du droit d'exercer dans le cinéma. Et si seulement c'était mal filmé mais non, on en profite pour assassiner le personnage de Carrie. Là où, il me semble, dans la version de 76, Carrie rentre dans un état second, raide comme un piquet, déversant sa fureur sans vraiment cibler et surtout persuadé qu'on se moque de son humiliation, là, on a une une petite connasse psycopathe qui va déverser son sadisme de manière méthodique, donc consciente. Alors certes, j'aime assez - tout est relatif - le traitement des nanas gardées au sol pour être piétinées et une autre fouettée par des câbles électriques (oui, c'est aussi hilarant que ça en a l'air) mais alors attaquer sa prof de sport, là je dis non! Encore une fois dans la version De Palma ça fait plus accident qu'autre chose. Comprenez-moi bien, arriver à me faire aimer un prof de sport même dans une fiction c'est pas gagné mais l'original et le remake y arrivent et rien que cet exploit aurait dû en faire des persos intouchables et éternels.

Oh et je peux pas m'en empêcher, je reviens sur Chloë Grace Moretz (je n'ai rien contre elle, je le jure mais elle ne correspond vraiment pas) qui plombe la scène par un jeu outrancier (cheap). Et vas-y que je souris, trop heureuse de tuer (me venger si j'en crois le titre), que je serre les dents, que je lévite, que je me dandine comme une Sadako sous LSD, filtre numérique dégueulasse à l'appui pour bien faire comprendre que je suis grave vénère.

La morale: "Carrie a été poussée à bout et c'est ce qui arrive quand on pousse les gens à bout." ... Okay... Je vais vomir. Donc quand on est brimé par d'infâmes morues mesquines, sadiques et méchantes, on devient soi-même une infâme morue mesquine, sadique, méchante ET psychopathe en réaction. GE-NIAL.

Bref, 2013 "loi du Talion de manière détestable car sciemment orchestrée et démesurée avec sadisme assumé" contre 1976 "crise psychotique incontrôlable". Quand je disais plus haut qu'il est impossible d'éprouver de la compassion pour la Carrie 2013...

Laissez-moi, je vais chercher ma DeLorean et me casser dans les années 70.

ps: je me pose donc la question suivante: est-ce que Chloé Truc Machin est là juste parce que la nouvelle génération serait incapable de s'identifier à un physique qui ne serait pas calqué sur les critères actuels? Vous savez le principe de la fausse-moche qui doit automatiquement devenir belle après un relooking de la part de gros(se) naze qui veulent "bien faire". Je déteste ce cliché. Mais voilà, au moins les ados peuvent se projeter sur Carrie parce qu'elle reste assez belle pour avoir envie d'être elle? J'en sais rien: cette faute de casting ne passe pas. "Oh lala trop dur la vie, elle est rejetée parce qu'elle est habillé en pouilleuse, j'compatis grave pour elle. Ca me rappelle quand ma mère m'a acheté un Iphone noir alors que je voulais le blanc et que mes potes se sont moquées de moi. Je comprends grave Carrie quoi." OUI je suis plein de bile et je manque d'objectivité (mais il est 03h25 et ce film m'a foutu en rogne tant il est médiocre et qu'il appauvrie dangereusement le propos!! Je voulais pas le voir, j'aurais dû écouter mon instinct nom de dieu!!
Emix6
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le 6 déc. 2013

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Emix6

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