A une époque où les producteurs essaient désespérément de faire du neuf avec du vieux, l'occasion est belle de se replonger dans les grands classiques du 7ème art, avant de les voir dénaturés par des cinéastes modernes.
Carrie, c'est avant tout le premier livre de Stephen King, le n°1 de l'horreur made in US, qui a depuis été adapté avec plus ou moins de bonheur. Les amoureux du bouquin se retrouvent en territoire connu, malgré les quelques écarts faits par rapport à la trame originelle, dans le but de rendre le tout plus "cinématographique". Malgré tout, on retrouve bien l'ambiance malsaine régnant au sein du lycée et de la maison de Carrie, et le dilemme de la jeune fille confrontée aux affres du passage à l'adolescence.
Carrie, c'est aussi l'un des meilleurs films de Brian DePalma, à une époque où tout ou presque ce qu'il touche se transforme en or. L'admiration du réalisateur pour son maître Hitchcock n'a jamais été aussi évidente (elle le sera encore un peu plus dans Pulsions, 4 ans plus tard). Reprenant les codes et l'esthétique du prolifique metteur en scène anglais, DePalma livre une oeuvre à la fois personnelle et terriblement familière.
Carrie, c'est enfin un casting de jeunes prometteurs comme Travolta avant qu'il ne se mette à danser, ou Nancy Allen, qui allait devenir une muse pour le réalisateur. C'est aussi et surtout Sissy Spaceck, fraîchement sortie de sa Balade Sauvage, qui livre la performance de sa vie, avec ses mimiques d'oiseau blessé et ses grands yeux déformés par le choc et la haine durant le dernier tiers du film. Chloë Moretz a de sacrées chaussures à remplir.
Ne jugeons pas trop vite le film de Kimberly Pierce. Qui sait si sa vision de Carrie n’accouchera pas d'un grand film. Mais la force du long métrage de DePalma est restée intacte à travers les décennies, malgré un look très 70's qui peut parfois prêter à sourire de nos jours. On en reparle en 2049.