La trilogie de la honte ? Sans doute la trilogie la moins demandée de tous les temps, le premier Cars montrait pour la première fois que Pixar était capable de déraper, quand le second, bien que fun et injustement comparé au reste de la filmographie du studio, ne pouvait proposer mieux qu'un divertissement plus ou moins oubliable, laissant semblait-il la franchise au point mort. Mais apparemment les scénaristes semblaient encore en avoir sous la pédale (bon d'accord, j'arrête, ça devient lourd), et Cars 3 est arrivé pour conclure une trilogie. Les trailers semblaient annoncer un changement de direction (pas fait exprès celui-là), et un retour aux sources des plus salvateurs. Pour Cars 3, le réalisateur des deux premiers volets, John Lasseter, laisse sa place à Brian Fee, dont le film est la première expérience dans la chaise de réalisateur. Le film nous présente un Flash McQueen vieillissant, devant faire face à l'arrivée de la nouvelle génération, qui m'a rappelé Rocky Balboa dans ce sens.
Avant tout, il faut savoir que Cars 3 est une suite du premier Cars, je n'ai pas aperçu ne serait-ce qu'une seule référence au second, même Martin, qui avait glissé dans la position de protagoniste est relégué au second plan tel un Jar Jar Binks des grands soirs. Ici on explore un peu plus le passé de Doc Hudson, et surtout sa fin de carrière. Déjà petit problème, vu que Paul Newman est mort entre les deux premiers films, on a le droit à beaucoup d'images d'archive issues du premier volet, ce qui nuit un peu au rythme je trouve, c'est dommage car le reste de l'hommage au personnage (et à l'acteur par la même occasion) et plutôt touchant, coupures de journaux, images de ses courses d'époque ou encore recherche de son mentor. Si le film avait été capable de se concentrer sur le conflit entre nouvelle et ancienne génération, et l'exploration du passé de Doc, le film aurait pu être le meilleur de la trilogie.
Le problème, c'est que le film se perd dans une sous intrigue qui aurait vraiment eu sa place dans un Cars 4 (non j'en veux pas), se concentrant sur un nouveau personnage, Cruz Ramirez, qui est censée entraîner Flash à retrouver son meilleur niveau. Déjà j'ai trouvé le personnage agaçant, la plupart de ses répliques tombent à plat, mais surtout, le personnage empiète beaucoup trop sur l'intrigue principale, spécialement sur la dernière partie du film, où on change presque de film en passant à un Cars 4. C'est dommage, car si j'ai trouvé la première partie du film poussive, la seconde monte en puissance, jusqu'à atteindre un grand niveau au commencement du troisième acte, qui est totalement gâché par les choix scénaristiques, ça n'a aucune logique, ce n'est pas crédible, et ça enlève tout enjeu, et toutes les émotions investies jusqu'à ce point. C'est con dans un sens que le seul risque pris par ce film, voire même par cette trilogie, soit aussi celui qui en gâche la conclusion.
De plus le film cherche toujours autant à nous vendre des jouets, j'ai rien contre, d'une part il faut bien se faire du fric, d'autre part, si la saga était bonne, je serais le premier à me jeter sur les produits dérivés. Si ça n'est jamais aussi voyant que pour le 2 (« j'ai toutes les options »), les nombreux changements de livrée de Flash McQueen, et les nouveaux personnages, notamment ceux de l’arène, puent la publicité à des kilomètres.
Sinon c'est presque inutile de le mentionner, mais comme d'habitude, Pixar épate d'un point de vue animation, il y a des plans où on oublie qu'il s'agit d'un film d'animation, pour une fois voir des voitures avec des yeux est presque rassurant, car la scène du crash de Flash au début du film a de quoi traumatisé bon nombre de gosses tant l'animation est réaliste. Avec l'amélioration de la technologie, on perd un peu le côté innocent et pour les jeunes enfants qu'avaient les deux premiers volets, heureusement Brian Fee fait un très bon travail et sait quand choisir les plans photo réalistes pour appuyer l'importance de l'action, et quand nous montrer les voitures cartoonesques pour rappeler qu'il s'agit d'un film pour enfants. Je retiens cependant le montage où Flash et son camion traversent des paysages aussi variés les uns que les autres, tous magnifiques, montrant encore une fois à quel point Pixar a avancé technologiquement parlant au fil des années, il devient de plus en plus difficile de différencier l'animation du réel, même si ce montage donne surtout l'impression que Pixar nous montre leur gros pot d'échappement.
La trilogie de la honte ? Non. D'un point de vue créatif, Pixar est passé à côté des Cars, mais ça reste une trilogie qui se regarde, particulièrement pour les enfants en jeune âge, pas de grande profondeur, mais rien mettant en jeu la réputation du studio, si ce n'est un petit abus au niveau du placement de produit pour nous vendre leurs propres produits dérivés. Je regretterai cependant l'absence de risque de la trilogie, si ce n'est celui pris à la fin du 3 qui est malheureusement raté à mes yeux. Pixar nous a habitué à mieux, même avec les deux Cars précédents, le manque d'inspiration commence sérieusement à se sentir. Cela dit, j'espère que ce sera le dernier film de cette franchise (enfin, ils peuvent y aller sur les DTV via des studios secondaires de Disney, mais tant que Pixar n'y retouche plus), quitte à faire des suites, autant en faire sur les films appréciés de tout le monde, j'attends toujours Monstres & cie 2, Les Indestructibles 2 n'est plus qu'à un an de nous, Toy Story 4 arrive, Inside Out a un gros potentiel pour des suites aussi. Heureusement, cette déception est atténuée par le fait que comme il y a deux ans, Pixar sort un deuxième film sur une année. D'ailleurs, on vous voit tous venir ceux aimeront le film avec vos titres de critiques « I'm in love with the Coco ». Bref, Cars 3, un grand non. Dommage.