A Las Vegas dans les années 70, Ace Rothstein, un prodige des paris devient gérant d'un des plus gros casinos de la ville pour le compte du syndicat des camionneurs.
Apres Taxi Driver, Ragging Bull et Les Affranchis, Martin Scorsese signe un nouveau film avec Robert DeNiro et Joe Pesci en 1995 qui sera son dernier film sur la mafia contemporaine et en collaboration avec Robert DeNiro à ce jour.
Adaptation d'un ouvrage de Nicholas Pileggi, comme l'était déjà Les Affranchis, le scénario s'inspire librement de la vie de Frank Rosenthal et Anthony Spilotro, des gangsters de la pègre de Chicago.
Le film dispose d'un réalisme saisissant, car il n'a pas été tourné en studio, mais entièrement en décors réels, soit dans les rue de Las Vegas, soit dans les casinos directement. Martin Scorsese a toujours un grand talent pour placer sa caméra et capter le regard et le jeu de ses acteurs.
C'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'entoure de grands acteurs. Le trio DeNiro, Pesci et Sharon Stone sont totalement investit dans leur rôle, ne lâchant jamais leur jeu même pour des scènes banals de discussions au téléphone ou des regards d'arrière-plan.
Comme l'esprit de Las Vegas le film est électrique et coloré. La bande son fait feu de tout bois en enchainant les balades et les rock, comme la tornade qu'est le monde dans lequel évoluent les personnages. Les lumières des néons font échos aux costumes et au bruit permanent qui règne dans cette ville qui ne dort jamais.
Malheureusement si la forme est trépidante, le film est beaucoup trop long.
02H58 pour "un film sans intrigue" de l'aveu de son réalisateur, ça me parait excessif, malgré l'entreprise de destruction du mythe de la mafia et de Las Vegas.
D'autant plus que je ne suis pas emballé par le rôle de Sharon Stone, en ex-prostitué qui va descendre aux enfers et emmené le duo de mafieux avec elle.
Son personnage est trop simple à mon gout pour être la pierre angulaire du film, et malheureusement elle est le centre de l'histoire.
Peu importe d'ailleurs qu'elle soit inspirée d'une personne réelle ou non, son intérêt dans ce film, sans remettre en cause sa prestation, étouffe la puissance et oblige a étirer le film en longueur, comme le serait la vie d'une alcoolique sans travail résidente à Las Vegas.
Si les scènes prisent séparément sont intense, mises bout à bout, on a parfois une impression de stase voir de répétition du récit, au moins durant les deux premières heures. Car finalement c'est bien la dernière heure du film qui est la plus intéressante, lorsque tous les problèmes sont à leur paroxysme et que les personnalités de chacun s'expriment sans retenu.
La mise en place de la première demi-heure est aussi très bonne, car Martin Scorsese nous plonge sans retenu dans l'univers, mais il s'en suit 90 minutes d'escalades des ennuis sans vraiment de surprises ni de tension.
Je suis donc assez mitigé sur le film dans son ensemble, malgré une narration tout à fait atypique, à la manière d'un interrogatoire post évènements, mais toujours en voix off. Surtout après avoir vu le beaucoup plus directe King of New York, je pense que Casino aurait pu être grandement raccourci sans perdre sa sève et les scènes importantes.
Le personnage de Robert DeNiro est de loin le plus intéressant car le seul à avoir une portée historique, car il le témoin humain du pont entre la société des années 20 aux années 70 et celle qui la remplacée à partir des années 80.
Car finalement Casino ne traite que de cela. D'une époque révolue où la corruption, la violence et la décadence n'étaient pas plus importantes, juste plus personnelles.
Les noms de parrains ont été remplacés par des multinationales et les trafics de drogue par des magouilles immobilières mais le cœur reste l’argent.
Au final Casino est un portrait très sombre de Las Vegas, mais aussi long.