Fils de vigneron, Jean (Pio Marmaï) a tout quitté il y a de cela dix ans, pour faire le tour du monde. Depuis 4 ans, il vit en Australie où il fait son vin. Mais à l'annonce de la maladie de son père, le voilà forcé de revenir en France. A peine est-il arrivé que son géniteur décède et qu'il doit reprendre les vendanges avec sa sœur Juliette (Ana Girardot), héritière du domaine en mal de confiance en elle, et son frère Jérémie (François Civil), jeune papa ayant à souffrir la mégalomanie de son beau-père.
La fratrie va devoir faire une première récolte sans leur père, faire leur vin à eux, ou à leur père. Le tout avec sur les épaules le poids des changements, de leurs problèmes personnels, de leurs hésitations et surtout les interrogations financières : ils doivent se décider à régler les droits de successions, quitte à devoir vendre leur terre.


Klapisch livre ici un film réaliste, sur la famille et sur le vin, sur le goût de la terre et sur une ambiance familiale. Pas de grands drame ici, pas d'éclats de voix irréaliste. Les coups de gueules sont aussi sincère que les couleurs de l'évier. La maison, le cadre sonne réaliste comme un éternel repas de famille du dimanche midi.
Ce qui nous lie se concentre vraiment sur cet aspect familiale, sur la beauté de la famille qui se retrouve et qui dépasse ses différents. Jamais les membres ne cachent leurs problèmes mais jamais ils ne laissent la haine dépasser les souvenirs. On est loin de ces faux films sur la famille, ce goût réel est au centre du film.
Le tout avec, comme ligne narrative, la vie du vin, des vendanges jusqu'à la mise en bouteille. Le vin, cette boisson complexe mais aussi festive. Le film est à son image. Il se veut festif, très drôle (ne cachons pas les francs éclats de rire que l'on a) mais aussi complexe, dans la nuance et le soucis du détail. Pour comprendre chaque personnage il faut se soucier de la moindre petite scène.


Véritable cris du cœur, déclaration d'amour au vin, à la famille, à la fraternité, à la campagne et au paysages français, ce film parvient à unir, comme vous l'aurez compris, subtilité et réalisme avec une énorme dose d'humour et de feel good. Ce film fait du bien et veut faire du bien. L'amusement est préféré aux larmes, l'humour est franc et non cynique.


Pour autant, Klapisch n'évite pas quelques défauts. Du point de vue esthétique je trouve que si le montage parvient à rendre le quotidien très dynamique et jamais répétitif, à l'image de ce que le film veut transmettre (le renouvellement incessant de la répétition), de nombreux plans sont loin de la beauté à laquelle ils pourraient prétendre. Et je trouve cela regrettable ce manque de parti pris, d'audace esthétique. De la même manière, si la bande-son parvient à être convaincante, elle manque, elle aussi, d'audace. A vouloir être familiale c'est la grandeur qui est oubliée.
Le film aussi, à force de suivre la vie du vin, oublie parfois d'avoir son dynamisme propre et semble s'endormir par moment. Ainsi à des passages du film, celui-ci semble avancer sans objectif, sans but, sans rien. On ne se sent plus guidé par quoique ce soit. Ce sentiment de perte amène au problème suivant : le film s'oublie parfois. Ainsi, plusieurs personnages n'ont pas le droit à un développement réel mais à un changement imposé. Ainsi Juliette gagne, d'un seul coup, sans aucun développement et sans aucune raison, une réelle confiance en elle. Bien sûr, le but était de montrer qu'en un an, elle finissait par s'affirmer. Mais cela n'aurait-il pas été plus appréciable avec un développement et non d'un seul coup ? Les personnages ne ont guère dans l'évolution. Jean non plus d'ailleurs. Il parle beaucoup, dit évoluer, mais finalement ça sonne parfois forcé par le film.


Ces légères nuances font perdre le goût divin que le film pouvait prétendre avoir. Klapisch nous offre une belle récolte, un film joyeux, heureux, plaisant au possible, qui donne des envie d'aimer le vin et son prochain, mais il ne parvient pas à réaliser une œuvre complètement réussie, manquant ses personnages aux profil de la famille même. Dommage quand on voit la qualité de ce qui nous est déjà livré. A défaut d'un chef d’œuvre, qu'il n'est pas, ce film est un réel beau moment que l'on passe sans regret.

mavhoc
7
Écrit par

Créée

le 11 juil. 2017

Critique lue 179 fois

mavhoc

Écrit par

Critique lue 179 fois

D'autres avis sur Ce qui nous lie

Ce qui nous lie
mymp
2

Klapisch kaput

Le point de départ du nouveau Cédric Klapisch (écrit avec Santiago Amigorena, le complice des débuts) ressemble étrangement à celui de Six feet under, la série culte des années 2000, mais ramené au...

Par

le 7 juin 2017

24 j'aime

4

Ce qui nous lie
JorikVesperhaven
8

Une comédie dramatique touchante et drôle, pleine de chaleur humaine, pour un Klapish en grande form

Cédric Klapish s’est essayé à de nombreux genres durant sa carrière mais force est de constater qu’il n’a pas son pareil lorsqu’il fait le choix de croquer des tranches de vie dans leur plus simple...

le 30 mai 2017

22 j'aime

1

Ce qui nous lie
Plume231
4

Mauvais cru !

Mouais, 2017 ne sonne pas pour moi comme un grand millésime pour le cinéma de Klapisch. Et oui, je compte impitoyablement ponctuer cette critique de jeux de mots bien pourris ayant l’œnologie pour...

le 14 avr. 2022

20 j'aime

5

Du même critique

Monty Python - Sacré Graal !
mavhoc
3

J'ai presque honte de ne pas aimer

Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...

le 23 mai 2014

75 j'aime

13

Black Book
mavhoc
5

Public aveuglé

Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...

le 5 mars 2016

35 j'aime

9

The Crown
mavhoc
7

Anti-binge-watching

Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...

le 24 avr. 2019

28 j'aime

2