Ce n'est certes pas le meilleur Klapisch que j'ai vu, mais assez sympa tout de même.


Ce film pose la question de la filiation et du patrimoine familial, des relations dans une fratrie, du lien à la terre etc


Et puis, c'est assez bien joué, il faut le dire.
Les interprètes et les superbes paysages bourguignons relèvent un scénario un peu faible.


J'ai beaucoup aimé le jeu de Pio Marmai et d'Anna Girardot qui survolent le film de leurs charmes.
Les relations fraternelles sont bien décrites : la joie de se revoir après tant d’années d'absences, les reproches qui affluent mais régressent bien vite devant la complicité, les souvenirs qui affluent, une culture commune, l'amour du même métier (le vin).


Il y a une telle culture commune dans la vigne : le métier de vigneron surtout dans ces coteaux de grands crus autour de Beaune (ça se passe à Meursault) qu'on est plongés rapidement avec délice dans ce terroir si particulier et dans cette ambiance des vendanges (avec leur inévitable fête terminale qui rassemble tout le monde, patrons comme saisonniers, dans une joyeuse ambiance).


On comprend mieux les inquiétudes des producteurs face à la saison qui s'annonce, la météo, la qualité du raisin, le moment adéquat pour commencer les vendanges, le comportement des saisonniers, les techniques de vinification.


Cependant comme je l'ai mentionné plus haut, j'ai trouvé le scénario un peu faible. Les hésitations du personnage principal, Jean, interprété par Pio Marmai sont un peu longuettes, rendant le film ronronnant.


Le rythme est toutefois relancé par l'arrivée impromptue, d'Australie, de sa compagne et de son fils, mais on retombe vite dans des hésitations sur son couple, le devenir des terres, l’héritage difficile avec les droits de succession colossaux, les histoires de famille avec la montée en puissance d'un personnage qui était jusque là au second plan et dont on ne comprend pas très bien l'importance, hormis qu'il propose le rachat d'une partie des terres tout en laissant à sa belle-fille le soin d'y produire son vin à sa guise. Du coup, on se rapproche un peu du personnage du frère et on quitte un peu le personnage principal.


En revanche, ce que j'ai aimé et qui anime agréablement cette histoire un peu longuette, sont les scènes de l'enfance des trois protagonistes, avec le père (joué par l’excellent Eric Caravaca) notamment celles où on les voit déguster les aliments à l'aveugle et tester le vin. On y perçoit la complicité des trois enfants et en filigrane, le rôle sans doute trop lourd imposé à l’aîné, du surveillance de son petit frère et de sa jeune sœur, des reproches qu'on lui fait quand l'incident arrive (le petit frère est tombé de l'arbre), source de nombreuses incompréhensions entre le père et le fils, terreau de leurs futurs conflits. Donc, psychologiquement parlant, c'est assez fin.


Cette complicité entre les frères et la sœur, on l'a retrouve à plusieurs moments du film, dans des scènes assez croustillantes, comme les retrouvailles entre frère et sœur, ou les dialogues imaginaires inventés par les deux frères alors qu'ils observent une scène de loin (doux moments, riches en émotions).


Pour conclure, on retiendra que, malgré ces jolies scènes, la belle photographie sur les vignes, et les relations fraternelles assez subtilement dépeintes, Cédric Klapisch nous avait habitué à des histoires de famille plus consistantes et plus drôles, telle l'inénarrable Un air de famille (que j'ai revu d'ailleurs à la même période, avec grand plaisir, sans aucun ennui, alors que ce fut la énième fois). Donc à voir, mais sans se presser.

Créée

le 15 févr. 2019

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