Foutraque mais sympa et assez culotté !

Aucun film ne me disait vraiment pour cette tiède soirée d'été... jusqu'à ce que j'opte pour la ressortie en version restaurée de Céline et Julie vont en bateau, dont j'avais un (très) vague souvenir. La longueur du métrage me faisait un peu peur, mais non, j'ai bien aimé. Je n'ai pas sauté au plafond, hein!, mais le film a emporté mon adhésion et il vieillit bien en moi.
C'est une oeuvre singulière, pleine de fantaisie. Un peu foutraque, souvent improvisée (genre délire à deux ou plusieurs), parfois débraillée (il y a un ou deux plans où Dominique Labourier a des taches de transpiration pas possibles au niveau des aisselles, Rivette ne s'en est pas soucié, il n'a pas jugé bon de retourner la scène, peut-être même a-t-il pensé que ça donnait de la vérité à la séquence).
Le film est, je trouve, très représentatif de la "nouvelle vague". Un vent de liberté y souffle (au niveau des mots, des idées, images, enchaînements).
C'est un peu "mon cul sur la commode", pas toujours réussi, parfois incompréhensible (un vague côté L'Année dernière à Marienbad).
Il arrive que les deux actrices principales aient des crises de rire incontrôlables, par exemple quand elles tiennent ouvertement (face caméra) et lisent une grande feuille sur laquelle figure le dialogue de la scène qu'elles sont en train d'interpréter (Rivette nous montre le film en train d'être fabriqué ; lui, aidé de ses actrices, écrivait chaque matin, sur la base du synopsis, les dialogues de la ou des scènes qui allaient être tournées ce jour-là).
Il y a aussi des longueurs qu'on aurait pu éliminer au montage (mais non, Rivette en a décidé autrement, ça renforce le côté foutraque, film d'amateur).
Reste que la photo et les couleurs sont belles, et qu'on bénéficie, en ce milieu des années 70, du jeu et charme de quatre actrices au summum d'elles-mêmes : Juliet Berto, Dominique Labourier, Bulle Ogier et Marie-France Pisier. Franchement, elles assurent. Les mecs, eux, n'existent quasiment pas (c'est un film féministe, Rivette s'est fait déborder par ses actrices). Par contre, il y a des chats, surtout vers la fin.
Résumons : un film singulier, brouillon mais sympa, qui garde une sorte d'éternelle jeunesse depuis 42 ans. Je n'ai pas eu le sentiment d'avoir perdu ma soirée.