On demande un scénariste

J'ai vu plusieurs films réalisés par Nicole Garcia. Le seul qui me reste vraiment en mémoire est Place Vendôme que j'avais aimé. Elle, je l'apprécie assez comme actrice, encore que je ne me souvienne plus vraiment des films dans lesquels elle est apparue récemment. J'ai assisté hier soir à l'Avant-Première de son Amants qu'elle a présenté presque timidement devant un public qui lui était pourtant clairement acquis (le ban et l'arrière ban, j'imagine, des techniciens ayant participé au film). Étaient présents également Pierre Niney et Stacy Martin ; on a même pu apercevoir en fin de projection Benoît Magimel. Le coeur de l'équipe du film étaient donc venus et ça, c'est plutôt bien.
Il y aura malheureusement un "cependant".
D'accord, le casting est très convenable. La réalisatrice compte manifestement dans le cinéma français, elle a de l'expérience et, semble-t-il (si l'on en croit Pierre Niney), de la personnalité. Moyennant quoi, la production avait à l'évidence mis des sous dans le projet : Amants n'est pas un film de fauchés. Et de prime abord, sa structure en trois chapitres : Paris, l'île Maurice et Genève paraît assez satisfaisante (et commode). Enfin d'un point de vue technique, le film est assez proprement réalisé (rien ne choque vraiment, sinon peut-être la photographie).
Tout ça devrait faire une bonne mayonnaise. Hé bien, non.
Le film est froid, incolore et sans saveur. Ayant passé la quasi moitié de ma vie au cinéma, je sens "dans mes fibres" quand un film est bon (réussi) ou mauvais et celui-là n'existe pas, ne tient pas la route. Et s'oublie aussitôt.
Pourquoi ? La faute au scénario, mais aussi, je pense, à la manière dont la réalisatrice a cru devoir diriger ses acteurs.
On ne croit pas à cette histoire, on n'y entre pas. Elle est complètement survolée. L'amour entre Simon (Pierre Niney) et Lisa (Stacy Martin) n'est pas assez nourri de petits détails qui font vrai et montreraient leur intimité, leur complicité, l'amour qu'ils sont censés éprouver l'un pour l'autre. Et comme on ne croit pas à cet amour qui remonte soi-disant à l'enfance ou adolescence, on ne croira pas à leurs retrouvailles passionnelles de la 2ème partie et surtout à leurs façons d'agir dans la 3ème. On ne les sent pas assez amoureux l'un de l'autre. Il aurait fallu consacrer du temps à leur amour, le développer. Qu'on sente qu'ils sont amants, qu'ils sont passionnément épris l'un de l'autre.
On ne croit pas non plus à Simon dealer. La drogue qu'il fourgue à ses clients lui vient d'où ? On n'en sait rien. C'est trop abstrait. Et l'overdose de son "copain-client" qui, comme par hasard, habite une baraque gigantesque et somptueuse, on n'y croit pas non plus. Pauvre Nicole Garcia ! Ouvrez les yeux. Comment peut-on croire à cette histoire ? C'est du cinéma. Du mauvais cinéma. Et bien sûr, du cinéma français.
Suite à l'overdose, Simon prend peur, se casse à l'étranger et, bien que les deux soient supposément des amants passionnés, il largue Lisa sans même la prévenir. Bon, admettons que ce soit un salaud. Mais elle, Lisa, elle doit alors, puisqu'ils s'aiment depuis l'enfance, être hyper-malheureuse (genre Jeanne Moreau dans Ascenseur pour échafaud), alors que là, son chagrin est expédié en quelques plans. Comment y croire ? Comment le ressentir ? Elle devient dame-vestiaire d'un night-club, où elle rencontre très vite un richissime PDG (Benoît Magimel) qui, bien sûr, tombe en amour et l'épouse. Entame de la 2ème partie : voilà le couple dans un Grand Hôtel de l'île Maurice. Dans la 1ère partie, Lisa était toute contente d'avoir une proposition de CDD de deux mois dans un, je crois, hôtel-restaurant de Saint-Jean-de-Luz et la voilà, par un coup de baguette magique, la femme d'un Suisse plein aux as, à la tête d'une société d'Assurances et pas moche en plus (puisque c'est Magimel). Mais comme le Suisse la sent pas vraiment heureuse, ils vont adopter un petit noir ("ça occupera Lisa"), etc. etc. Le reste est à l'avenant et tout aussi invraisemblable.
On est glacés par tant d'inconscience. On regarde ça sans y croire, en essayant de se raccrocher au jeu des acteurs, aux décors (extérieurs et intérieurs), à la musique... Et puis, quelle coïncidence ! Lisa retrouve Simon : il est, au fil de ses tribulations, devenu garçon de plage (ou tout comme) sur l'île Maurice. Elle lui retombe dans les bras : forcément, ils sont passionnément épris (!). Etc., etc. Épilogue à Genève. Je vous le laisse deviner.

Ça, une histoire d'amour passionnel ? Glissons, ça vaudra mieux.
Bref, j'ai mis "5" pour : "ça se regarde".
C'est vrai qu'on a vu pire. On a vu aussi bien meilleur.

Conclusion. Pas de bon scénario, pas de bon film.