C'était super sympa comme film!
J'ai pas tant de choses à dire dessus mais c'est un chouette film français dont l'affiche et la bande annonce inspiraient plus de crainte qu'il n'en fallait. On suit l'histoire d'un couple qui se rend compte qu'il n'est pas sur la même longueur d'onde. Sauf que ce décalage se matérialise dans le cinéma d'Honoré (premier film que je vois du sieur, mais pas le dernier!) par l'arrivée de personnages symboliques: le mari plus jeune, la volonté, la mère décédée, tous les amants.


Et c'est cool parce qu'on va droit au but, pas de chichi sur les règles du jeu qu'on propose, parce que ce n'est pas le but de l'histoire de créer un univers cohérent, il ne l'est pas, ne l'a jamais été, ne l'a jamais voulu. Le décalage, à vrai dire, commence dès la présentation des personnages. Maria, c'est une prof de droit, elle marche dans la rue pour rentrer chez elle: la caméra fait des effets de style, elle se tourne pour mater un mec dans la rue, elle revient de chez son amant (dans une sortie magistrale). Son mari, c'est Benjamin Biolay, enfin il est joué par ce mec, elle sort pas avec le chanteur. Son mari depuis 20 ans, c'est Benjamin Wagner mais avec un jeu de mot chelou dans le nom de famille, genre Warnier, Warner, bref j'en sais rien. Alors la caméra le sublime, et c'est un peu étrange comme il est beau dans ce film. Mais bon, voilà. C'est pas avec des Benjamin comme lui qu'on aurait pris la Bastille quoi, il est un peu le p'tit mec qui traîne la mélancolie comme une grippe qui l'a pris à la naissance.


Puis il apprend qu'elle est infidèle, règle qui était supposée comme acquise par Maria. Mais non.


Donc elle quitte l'appart et va en face dans l'hôtel. Et le jeu commence. Beaucoup de scènes sont filmées en plongée, sans toit aux pièces habitées, ce qui rapproche le film d'une pièce de théâtre un peu. On voit ses personnages évoluer dans leurs propres questionnements, avec toute cette symbolique qui leur donne matière à progresser. Puis j'ai beaucoup aimé la scène ou la rue est reconstituée en maquette, avec Maria et Wagner qui se font face, tel deux joueurs de monopoly prêts à acheter rue de la paix, enfin, le bonheur amoureux.


Donc on voit les désillusions de chacun (Maria retombe finalement sur Terre, ses cachoteries révèlent un petit mal-être quoi, on met Benjamin Wagner devant la vie qu'IL aurait voulu, qu'il n'a pas eu le cran d'avoir) et en fait, c'est ça que j'aime. Parce que s'il y a bien une chose de bien dans le cinéma, c'est qu'on peut extrapoler une situation pour essayer de remuer le quotidien.
Vous voyez ces couples d'habitude qui sont ensembles parce que se séparer, c'est plus d'emmerdes qu'autre chose? Bah là, on prend ces gens par les épaules, et on les remue comme un milk shake. Et ce côté théâtral où les personnages défilent, on va d'un côté de la rue puis l'autre, ça apporte une bonne dynamique, on voit des évolutions logiques, intéressantes.


Après, la fin est un peu moins intéressante à mon goût, quoi que la fin fin soit classique mais satisfaisante. La musique accompagne super bien le truc et les acteurs sont super cool! Notons aussi une scène de sexe super cool "comme deux cuillères emboîtées dans le tiroir" puis Maria qui se fait kiffer en solo, jsp si le cinéma était prêt pour ça mais c'est cool de voir ce genre de plan s'incruster dans un récit sans en faire des tonnes.


Et puis au final, après la traversée du désert, on retombe au point de départ, mais ce qu'on a toujours connu retrouve sa saveur authentique des origines. En fait, je m'en fous de ce qu'ils deviendront Maria et Benjamin, leur nuit de songe était super intéressante et c'est quand on est face à soi-même qu'on voit qui l'on est vraiment, quelle valeur on porte, quelle force on possède. Vous jugerez selon vos critères ces personnages. Mais eux, au moins, se sont posés des questions cette nuit là.

morenoxxx
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le 4 déc. 2020

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morenoxxx

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