J'étais assez impatient de découvrir Chanson douce, thriller psychologique inquiétant plaçant Karin Viard dans un beau contre-emploi. Adapté du roman de Leïla Slimani, lauréate du prix Goncourt, ce film de genre procure quelques sueurs froides sans pour autant nous convaincre pleinement. La mise en scène de Lucie Borleteau autour de ce fait divers est simple, colorée, structurée et laisse à la comédienne principale toute la folie de l'histoire. Karin Viard, dans le rôle de cette nourrice parfaite en apparence mais profondément malade psychologiquement, est remarquable et dérangeante. C'est ainsi que dans des scènes du quotidien, aussi anodines les unes des autres, se glissent des signes avant-coureurs d'une tragédie infâme. Bien que la subtilité du scénario réside dans le minimalisme des effets, je suis resté sur ma faim en matière d'atmosphère. J'ai trouvé ça à la fois répétitif dans le développement de la relation entre la nounou et les enfants, et à la fois trop bref, notamment pour le rôle des parents ou encore pour la fin qui s'arrête net. Peut-être est-ce le fait d'être un adepte du genre et d'être habitué aux productions plus efficaces, mais je ne considère pas que le film prenne beaucoup de risques. On perçoit l'antre de la folie sans s'y perdre vraiment et il y avait, je pense, matière à pousser les curseurs un peu plus loin. L'actrice, par contre, en prend considérablement grâce à un jeu nuancé, mystérieux et insaisissable. On regrette que Leïla Bekhti et Antoine Reinartz, très justes en parents débordés, n'aient pas une partition plus dense. Mais Chanson douce fait tout de même son effet, que ce soit grâce à l'interprétation glaçante de Karin Viard ou l'aspect plus social de l'histoire, dépeignant une société actuelle tordue et instable.