Une comédie américaine qui se voulait so british

David Koepp est sans nul doute l’un des scénaristes les plus connus du milieu hollywoodien. Et pour cause, le bonhomme peut se vanter d’avoir travaillé avec de grands réalisateurs tels que Steven Spielberg (Jurassic Park, Le Monde Perdu, La Guerre des Mondes, Indiana Jones 4), Brian De Palma (L’impasse, Mission : Impossible, Snake Eyes), Ron Howard (Le Journal, Anges & Démons), David Fincher (Panic Room) ou encore Sam Raimi (Spider-Man). Alors qu’il aurait très bien pu se contenter de ce statut, Koepp s’est également lancé dans la réalisation et ne compte pas s’en arrêter là. Comme l’atteste la sortie de Charlie Mortdecai, son septième long-métrage qui n’a pas su convaincre la critique ni le public, passé inaperçu lors de sa sortie en début d’année 2015.


Pourtant, ce film avait de quoi susciter la curiosité chez le spectateur de par son ambition, à savoir réunir une bonne brochette de célébrités hollywoodiennes à l’affiche d’une comédie se la jouant so british. Et aux vues de la promotion (extraits, bandes-annonces, photos…), David Koepp semblait avoir réussi son coup en livrant un film haut en couleurs (costumes, décors, accessoires…) sachant retranscrire la classe anglaise et son humour décalée tout en finesse. Le tout porté par des comédiens s’amusant comme des petits fous pour notre plus grand bonheur. Oui, Charlie Mortdecai avait toutes les cartes en mains pour se présenter à nous telle la comédie policière du moment. Malheureusement, après un visionnage assez déconcertant, l’espérance a laissé la place à une déception de très grande ampleur malgré avoir ressenti un amusement minime certain.


Visuellement, Charlie Mortdecai peut être tranquille : le film parvient avoir un style britannique de ce côté-là. C’est pour le reste que David Koepp n’a pas su reprendre l’élégance propre à la comédie anglaise. Loin d’être enlevé et gracieux, ce film se montre plutôt lourdingue voire même vulgaire par moment (souvent en-dessous de la ceinture et flirtant un peu avec le pipi-caca). Oubliez une adaptation digne de ce nom des romans policiers de Kyril Bonfiglioni, vous avez affaire ici à un à produit purement américain ! Et ce n’est pas le manque de mise en scène qui va arranger les choses ! Car si le visuel de Charlie Mortdecai sonne british, il n’est que trop rarement mis en valeur. La faute à une caméra plan-plan au possible et un dynamisme aux abonnés absents. Résultat : non seulement l’ensemble ne fait pas spécialement rire, mais il n’est pas captivant non plus, n’ayant tout simplement pas de rythme ni un travail d’écriture soigné (le film semble en roue libre à chaque seconde). Cela pourra en amuser quelques-uns, mais certainement pas la majorité des spectateurs.


Et si vous comptiez sur la prestance du casting pour sauver le long-métrage, vous faites fausse route ! Car même à ce niveau-là, Charlie Mortdecai se révèle être très mitigé. Il suffit de prendre les comédiens un pour un pour se rendre compte de l’inégalité de la distribution ainsi que de l’incapacité de David Koepp à diriger convenablement ses comédiens. Commençons par Johnny Depp qui, comme la plupart de ses derniers rôles, cabotine au maximum. Mais en même temps, nous ne pouvons le lui reprocher, son personnage incitant au surjeu. Du coup, il porte le film comme il peut et ne pourra séduire par sa folie et son amusement que ceux qui se montreront sensibles à sa prestation. Même constat pour Paul Bettany, bien qu’il se montre plus convaincant que Depp. À eux deux, ils réussissent à susciter un minimum d’intérêt grâce à leur duo loin d’être inoubliable, certes, mais qui fait oublier la faiblesse du comique de situation du film. Ce qui n’est pas le cas du pourtant très talentueux Ewan McGregor, se demandant ce qu’il peut bien faire ici (son regard en dit long), et de Gwyneth Paltrow, ne cachant nullement son ennui au point de ne jamais s’investir concrètement dans le projet si ce n’est pour toucher son cachet. Si certains acteurs ne parviennent pas à prendre leur pied en participant à une telle aventure, difficile pour le public de se plonger dedans avec envie !


Bien loin de ce qu’il prétendrait être, Charlie Mortdecai loupe littéralement le coche. Alors oui, le film arrive à faire sourire par certains gags et son duo principal, ce qui le sauve en quelque sorte du statut de ratage. En effet, on ne peut pas dire, après le visionnage, que l’ensemble se montre si ennuyeux que cela. Mais il est certain qu’on en attendait bien mieux de cette comédie policière aussi oubliable que regardable. Comme quoi, il ne suffit pas d’être un scénariste pour savoir réaliser. Heureusement, David Koepp a su livrer de bien meilleurs films que celui-ci et on espère que son prochain long-métrage saura convaincre l’assistance.

Créée

le 1 déc. 2015

Critique lue 353 fois

1 j'aime

Critique lue 353 fois

1

D'autres avis sur Charlie Mortdecai

Charlie Mortdecai
Toki
2

Le syndrome de la moustache

Ce film est désolant. Sincèrement. Les rares éclats de rire sont dû au navrant des scènes et je suis persuadé que sans les noms sur l'affiche, le film aurait fait un direct to DVD. DVD qu'on...

Par

le 23 janv. 2015

28 j'aime

3

Charlie Mortdecai
Frusciendrix
2

Laissez moi partir...

Non, vraiment. Non. J'ai mal au yeux. C'est la deuxième fois que je me demande ce que je fais assis dans la salle d'un cinéma et c'est la première fois que je me le dis avant les 20 premières...

le 23 janv. 2015

13 j'aime

4

Charlie Mortdecai
Hey_Blondin
6

Just tea for two and two for tea...

Tout d'abord commençons par le réalisateur: David Koepp. Il est le scénariste de Spider-Man 1&2, Jurassic Park 1&2, L'Impasse, Mission Impossible, etc. et le réalisateur de Fenêtre Secrète et Premium...

le 4 févr. 2015

9 j'aime

5

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4