I Kill Giants est à la base une bande dessinée de Joe Kelly à l'écriture et de J. M. Ken Niimura au dessin. Sortie en 2008 aux USA elle a été traduite par Hi Comics pour sortir en France fin mai 2018. Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui est l'adaptation cinéma, portée par Joe Kelly lui-même à l'écriture et Anders Walter, dont c'est le premier long-métrage, à la réalisation. Le tout est produit par Chris Colombus, excusez du peu. Pour un résultat qui a surtout le défaut d'arriver après la bataille.
On y suit une fille incarnée par la jeune et impeccable Madison Wolfe. Elle vit avec sa grande sœur qui s'occupe de tout et ces frères glandeurs dans une maison au bord de la mer, quelque part sur la cote Est américaine. Bousculée à l'école, en retrait, elle trouve refuge dans sa tête et dans l'univers fantastique qu'elle a imaginé, celui où des géants seraient parmi nous, un monde où elle serait capable de les tuer. A moins que les géants ne soient vrais ?
Tout le film repose donc sur le personnage de Barbara, son caractère bien trempé et les problèmes du monde réel qu'elle met sous la tapis. Elle préfère se plonger dans un univers qui prend son inspiration dans la fantasy à la Donjon et Dragons mais aussi dans les mythologies nordiques. Elle transporte donc avec elle, dans un tout petit sac, un marteau gigantesques pour lui permettre de se défaire des géants qui se dressent sur sa route. Elle fabrique elle-même des produits dont elle seule connait la composition et qui sont tout aussi magiques. L'héroïne et son univers, qui nous est présenté comme réel face aux sceptiques qui l'entoure, sont crédibles et réussis. On se prend au jeu de savoir ce qui est à l'origine de son mal-être. L'empathie est réelle.
Là où le film arrive après la bataille, c'est que la comparaison avec Quelques Minutes Après Minuit de Juan Antonio Bayona est inévitable. Avec son héros qui parle à un géant, qui subit brimades et problèmes familiaux, on est clairement face à une situation identique. Mais le film du réalisateur espagnol est plus fin dans son écriture, et plus beau aussi. Même si Anders Walter ne démérite pas, son univers ne fait pas le poids par rapport à celui de Bayona. On a constamment l'impression de voir une pâle copie, partie d'une idée similaire pour parvenir à quelque chose d'inférieur. Et pourtant tout le monde fait le boulot correctement. C'est un peu comme tenter de faire un film de requin quelques années seulement après Les Dents de la Mer.
Tout mignon et intéressant qu'il soit, Chasseusse de Géants n'arrive malheureusement pas à la cheville de son ainé. On comprend donc aisément pourquoi le film finit chez nous directement en DVD. Peut-être que finalement tout ça n'est qu'un prétexte pour se tourner vers la version papier ?