Je ne suis pas friand de chocolat, mais j'en reprendrais bien un morceau.

Que ca fait du bien ! Une bouffée d'air fraîche au cinéma français ! Dieu sait combien de fois j'en ai entendu parler de se film, et pourtant vite passé à l'oublie, je trouve (contrairement à d'autre film où le tapage est multiplié pour peu.)


Ayant lu et été passionné par le sujet de Footit et de Chocolat, l'émotion du film à été grande pour moi, et surtout à la fin : Footit qui passe du rire énergique aux larmes sur le lit de mort de Rafael en lui prenant d'un coup la main comme au début du film, pile et face, différent mais indissociable, m'a juste collé au fond de mon siège. Ah bon ? D'accord. Pleure, vas-y. J'arrive.


Ma grande surprise, c'est Omar Sy, j'avais peur de le voir faire trop de Omar Sy que l'on voit par exemple dans Jurassic World, où il a toujours se rire et sa façon de parler (ne jamais moduler la voix différemment comme le fait par exemple Thierré) que tu ne reconnais que trop bien sur un plateau télé, que tu reconnais que trop bien dans Intouchables. Dans se film, celui-ci est étonnement en retenu et ne sur-joue pas. Du moins n'en a pas eu la sensation ni il n'a eût cette forme d'exubérance que je lui trouve naturelle chez lui.


Bien que cela, certains passages du film m'ont semblé être drôlement moderne, dans la façon de parler notamment, ce qui peut me faire un petit peu tiquer par rapport à l'époque qu'est censé retranscrire le film. Et pourtant, en ressort un film à la thématique connu, sauf que celle-ci, bien que inspiré de leur histoire vraie, le film en fait une grosse variante qui n'est pas celle de la réalité, mais passons ; celle de l'ascension, et de la chute. Et c'est bien fait. La mise en scène est belle, les couleurs sont jolis (tons jaune et orange, j'ai la rétine fragile chromatiquement parlant), pas de scène trop guimauve que j'avais un peu redouté, et l'affiche du film parle juste d'elle même ; l'ombre au fond, la lumière au devant ; Chocolat. Mais pourquoi Chocolat est à la lumière ? C'est aussi la thématique de se film.


En fait, les deux personnages souffrent de leur propre personnages : Footit n'arrive plus à se renouveler, il est moquer pour ses singeries, et Chocolat est moqué aussi par son paraître, sa couleur de peau, et le rôle de "stupide" que Footit lui a octroyé pour gagner du pain. Et ca marche, malheureusement.


Un chocolat blanc, Footit, au visage ciselé (coucou Thierrée-sans-barbe) qui m'a tellement fait penser à Monsieur Verdoux dans le film de Chaplin que j'ai dû me calmer un petit peu parce que là n'était point une thématique, qui veut retrouver sa flamme d'antan, sa célébrité et toute sa superbe, monter à son paroxysme en prenant sous son aile, Chocolat, celui qui est vu comme le sauvage cannibale et exploité sans remord et qui plus est, est mal nourri, mal loti. Malheureusement, Chocolat Blanc en fait une source d'exploitation en pensant parfois de façon trop carriériste, un peu égoïstement, à la seule différence que Chocolat devient plus populaire et qu'il mange mieux, vie mieux. L'un cherche à se découvrir (Rafael Padilla) et à se construire en y voyant au premier abord que le côté positif, à ne pas en douter que cela finira par se retourner contre le quelque peu cynique Footit dont le tempérament un peu corbeau le rend pourtant terriblement attachant, et parfois un peu agaçant. Foutrement humain. Il a l'air triste tout le temps. Il le dit lui-même. C'est un clown, ca ne va pas, mais faire rire les gens, c'est complexe. Il faut rire parce que c'est drôle. Pas parce qu'il faut se moquer. Alors "je pleure un bon coup, et le soir, je suis un clown".


Quelques passages parfois un peu long, on espère que ca aille mieux et finalement, ca ne va pas. Se faire botter les miches par un clown acrobate, doué en pantomime, cabriole et souplesse, j'ai vraiment été happé par l'ambiance que j'aurai aimé plus approfondi pour mon petit plaisir coupable (j'adore l'univers du cirque et quand c'est bien fait, c'est encore mieux, il me tarde d'ailleurs de voir Freakshow.) Se cirque, on voit l'installation, l'ambiance, on est de suite situé à mi chemin avec Footit dont on devine la baisse de régime, et l'ascension rapide de Chocolat, qui en partant en duo à Paris, se rend compte de sa forme "d'esclavagisme" dont tire profit Footit par la même occasion, celle d'utiliser sa couleur de peau pour en faire source de moquerie, car les gens rigolent en se moquant. Peuvent se moquer du ridicule des deux personnages, mais l'un est plus moqué que l'autre. Moquerie qui le rend si célèbre, si tristement connu, nourri, logé... Boissons, femmes. Et Footit, toujours en retrait, fantomatique, approché dans un bar par un homme efféminé qui pourrait en dire long sur le pourquoi de son absence de réponse lorsque Chocolat, qui dévorait sa nouvelle vie, heureux, lui demande "s'il a une "amie" et pourquoi il ne souri jamais."


Il m'a par contre été un peu dommage qu'avec l'aversion totale qu'avait les gens pour les gens de couleur à cette époque qu'il n'y ait pas eût plus de remue-ménage quand ils arrivent dans le Beau Paris où tout le monde semble déjà aimer Chocolat sans once de méchanceté, puis le détester sans raison (à partir du moment où des flics corrompus viennent le chercher et le torturer en prison, la scène du balais, bon dieu, j'ai grincé des dents) si ce n'est de rappelé la thématique du racisme qui me semble parfois un peu maladroite ou mal rythmé, mais pourtant juste et qui fait tout de même ressentir ce qu'il a à faire ressentir dans un film : de l'agacement.


J'ai aimé le paradoxe ressenti par rapport aux joies de la célébrité, et la remise en question sur ce qui fait cette célébrité. Goûté au joie du confort mais à quel prix ? Et incompréhension d'un Footit qui finalement laisse partir Chocolat, Footit qui ne vit que de cet unique espoir de remonter au devant de l'affiche. Malheureusement, il ne va pas réussir tout seul. Et Chocolat non plus. Lui aussi il va devenir la risée du peuple avec ses mimiques guignolesque tandis que Chocolat est toujours "Chocolat", le "noir" et qu'il continue d'être exploité comme tel. Le malaise est crû lorsqu'un peintre a fait promotion de leur spectacle en duo en peignant Footit normalement, et peignant ensuite Chocolat avec une figure singé. On attend de Footit qu'il comprenne un peu la douleur de son homologue, et là aussi, il semble y avoir quelque chose qui ne va pas. Lui, il veut en tirer profit pour aussi hisser Chocolat à la "hauteur" en croyant le mettre à son égal.


Pourtant, Chocolat, alias Rafael Pallida, veut faire du théâtre. Il lit Shakespeare, il veut jouer Othello. Un personnage noir qu'il y a dans le livre originale. Paradoxe de l'homme et la bêtise, on maquille un homme blanc, on le maquille pour qu'il ait l'air noir. Mais pourquoi ne point prendre un homme "noir" tout simplement? Et la fin se sent toute proche : à la fin de sa pièce, alors que les applaudissement se font timide et que son Pygmalion Footit est dans les gradins entrain de regarder la pièce, on se met à le huer. On se met à l'insulter. "Sale noire, c'est une honte, retourne dans ton cirque." Pourtant personne ne dit du personnage du bouquin de se tailler du livre à cause de sa couleur de peau.


L'interprétation de Omar Sy est juste, plus fluide que d'habitude donc une grande surprise. Les seconds rôles ne sont que peu mis en avant, à part Footit et interprétation de James Thierrée qui donne raison au César qu'il a reçu, tout en contraste ; le personnage le plus blanc se veut être le plus sombre et le plus rongé par quelque chose qu'on ignore, le plus sombre que les gens rejette pour la couleur de peau celui qui est le plus dans la lumière, et qui veut se forger sur son vrai nom, et non plus sur un nom de "cirque".


En soi je n'aime pas trop le chocolat, ca me brûle l'estomac, mais se film m'a fait un meilleur effet.

Marshall_Fernan
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le 2 juil. 2019

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