Ah Hollywood ! Tu es si prévisible…
Tu pourrais te saisir de l’œuvre, de l’évènement ou du personnage public le plus graveleux qui soit, que malgré tout, tu parviendrais toujours à en faire un produit grand public, convenable et aseptisé afin qu’il devienne consommable par tous.


A quoi bon fournir de la saveur dans ces moments là puisque le sulfure original a suffi pour attirer les masses ?


La voilà, la merveilleuse histoire de « 50 Shades of Grey » au cinéma. Qu’importe le contenu, au final on sera quand même capable de te transformer ça en film seulement interdit au moins de 12 ans !
Alors on nous sort une énième Bella Swan, belle ingénue qui s’étonne soudainement de l’océan de coton d’amour qui la saisit. Et face à elle, on lui colle un énième Edward Cullen, une belle gueule d’amour montée sur un beau corps sans un poil et bien travaillé en salle de gym, mais qui se révèle super trop mystérieux parce que tu sens qu’il a un secret trop sulfureux le gars...


Pendant 40 minutes on leur fait se sniffer le derrière en mode « hihihi, c’est trop beau » de son côté à elle et, de son côté à lui, en mode plutôt « je ne suis pas un gars suffisamment bien pour toi, j’ai mes fêlures ». Autant vous le dire : vous avez intérêt à savoir qu’il est question de sadomasochisme parce que pendant plus d’une heure ce film est vraiment gaulé comme un épisode de « Dawson ».


Le sulfure, il faut le connaitre pour l’attendre.
Mais bon, bien évidemment – produit grand-public oblige – du sulfure vous n’en n’aurez qu’une mini-dosette et le tout bien dilué dans un gros milkshake de quatre litres.
C’est remarquable de voir des sadomasos à travers des films comme ceux-là : on donne un petit coup de cravache sur la paume de la main en se préoccupant bien de savoir si l’autre n’a pas mal.
On « baise brutalement » (pour reprendre les termes du film), mais toujours au ralenti, en faisant des petits bisous dans le cou et surtout en se préoccupant bien de savoir si l’autre n’a pas mal.
On demande l’avis de l’autre, on ne le brutalise pas, on le traite avec douceur, on lui fait faire plein de petits voyages romantiques en amoureux.
On prend le temps de discuter de ce qui ne va pas…
Ah non mais y’a pas à dire : c’est merveilleux le monde sulfureux du sadomasochisme dans les films hollywoodiens grand-public !
J’imagine ces gars là devoir mettre à l’écran un film sur Guantanamo : les geôliers américains seraient certainement du genre à baisser de 3 C° le thermostat du jacuzzi des prisonniers si ces derniers se refusaient à livrer des informations vitales (et encore, ces vilains geôliers se seraient sûrement préoccupés préalablement de savoir si, bien sûr, les prisonniers ne risquaient pas de prendre froid avec ces trois degrés en moins…)


Vous l’avez compris : ce film est le plus inoffensif, consensuel, à-l’eau-de-rose possible.
Aucune surprise, aucun scandale, aucune érection…
Un modèle du genre, une merveille formatée comme Hollywood sait si bien nous les faire…
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Ç’en serait presque beau…

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le 27 sept. 2017

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