La critique complète du film : http://cinecinephile.com/climax-realise-par-gaspar-noe-sortie-de-seance-cinema/
Après le sulfurant Love, le cinéaste choc et provocateur Gaspar Noé revient avec Climax, un nouveau film tourné en 15 jours avec des danseurs, relatant un fait divers ayant eu lieu en 1996. La volonté de Gaspar Noé semble avec Climax de revenir à une pure expérience de cinéma. Le film se déroule dans un seul et même lieu, où un groupe de danseurs à la suite de la répétition d’un spectacle décident de se détendre avec une petite fête et une sangria. Une sangria dans laquelle l’un d’entre eux a versé de l’acide. La fête va alors se transformer en un véritable cauchemar éveillé que le réalisateur capte avec la virtuosité de sa mise en scène.
Ouvrant sur une scène de danse chorégraphiée, Climax démarre d’une idée de départ sur une page de script à partir de laquelle, les danseurs improvisent devant la caméra en mouvement du cinéaste. La caméra s’immisce tel un personnage qui se balade au milieu des corps. Le fait que la plupart des comédiens soient des danseurs prend tout son sens puisque le cinéaste français filme des corps en mouvement constant que la caméra suit comme un flux ininterrompu. Des corps qui sont d’abord dans l’envoûtement du rythme, de la musique, la caméra les filmant en plongée, le point de vue divin de Enter the void. Les personnages improvisent des dialogues en binômes qui se succèdent comme une représentation de la jeunesse multiethnique française, laissant deviner un propos politique derrière l’exercice de style. Notre jeunesse actuelle parle de sexe, de drogue, sous l’effet de la sangria qui fait effet progressivement. Puis Gaspar Noé part d’un verre de sangria pour filmer en plan séquence des corps qui passent de l’envoûtement à l’horreur.
Le cinéaste regarde des corps dans l’espace filmique qui s’autodétruisent, devant une caméra en mouvement qui va et vient, suit un personnage d’une pièce à une autre avant de se raccrocher à un autre personnage, utilisant brillamment la forme pour raconter des histoires, construire des êtres qui ont chacun leur personnalité, le tout en privilégiant une chorégraphie folle des corps. L’espace se transforme en un cauchemar éveillé plus vrai que nature, sans pour autant se rapprocher du théâtre filmé car Gaspar Noé cherche à capter le réel comme un flux continu où les corps s’entremêlent, s’attirent puis se détruisent.
[...] La virtuosité technique ne fait aucun doute à travers ces plans-séquences absolument vertigineux. Cette caméra fantomatique constamment en mouvement, qui renverse les corps, dynamise l’espace, le transforme en train fantôme où les corps ne s’arrêtent jamais de danser. Climax est une pure expérience de cinéma sensorielle qui divisera assurément sur le propos de son auteur. Mais on ne peut enlever à Gaspar Noé la virtuosité ahurissante de sa mise en scène et la radicalité de ce ballet horrifique qu’est Climax.