Mise à jour du 07/03/2018


Quand on parle des Wachowski, on parle directement de la trilogie Matrix, une trilogie incroyable qui a marqué toute une génération dont moi. Et puis après, bah pas grands choses. Ou plutôt si, le désamour des studios et ça en un film : Speed Racer (que je n'ai absolument pas vu). Du coup, quand ils ont mis en chantiers le film Cloud Atlas avec le réalisateur Tom Tykwer (le réalisateur du Parfum : histoire d'un meurtrier), ils ont eu toutes les peines du monde à le faire, surtout que l'oeuvre est très spéciale. Au final, on a un film que je qualifierais d'oeuvre totale



Pourquoi une oeuvre totale ?



J'appelle oeuvre totale, une oeuvre qui englobe tout ce qu'on peut trouver de bien dans n'importe quel genre sans perdre sa pertinence. Et ce film est une oeuvre totale pour moi. On trouve tout, mais vraiment tout. C'est une romance, un polar, un film de s.f à la Blade Runner, à la Matrix (normale), un film post apocalyptique, une comédie, un film engagé, un film d'époque et un conte. Les différents segments que composent ce film peut paraître assez difficiles à intégrer lors de la première vision, mais tout naturelle à chaque visionnage. Chaque segment chaque scène à un sens. Tout est vraiment bien fait. Que ce soit la mise en scène, la réalisation, le montage, la musique, tout est parfait à l'exception de certaines scènes des segments de Tykwer qui sont plus conventionnelles. Le film peut paraître difficile à intégrer si on le considère comme un ensemble de film, mais si on le considère comme un seul film il fait plus sens (bref pas comme Brimstone). C'est pour cette raison que même si j'adore ce film, j'ai du mal à le considérer comme le chef d’œuvres des Wachowski et de Tykwer alors qu'il a toute les qualités pour l'être. Cela dit, en terme de film pur, il va plus loin que Matrix qui n'est qu'un film de science fiction pure. Cloud Atlas, c'est une oeuvre totale. Mais là où le film est génial, ce sont les personnages et les acteurs.



Sans fautes pour les acteurs.



Bon, on va se mettre d'accord. Oui, Halle Berry n'est pas l'actrice du film au jeu le plus varié, mais je trouve qu'elle est très bien exploitée. Voilà, c'est dit, parce que sinon, c'est incroyable comment les acteurs sont bluffants. A chaque visionnage, on trouve une nouvelle facette de leurs jeux.


Le meilleur étant Tom Hanks qui arrive à passer des rôles habituels à vraiment des rôles de méchants avec une facilité bluffante. Un peu sur-joué diront certains mais toujours juste pour son rôle de Dermot Hoggins (et pour Cavendish du film). Même si son rôle du Dr Henry Goose est bien plus ambiguë. Pour le reste de ses rôles, il offre des performances toujours juste mais habituel à savoir, le bonhomme sympa pour le tenancier de l'hôtel dans Lettres de Zedelghem, Isaac Sachs ou le héro tourmenté pour Zachry.


Halle Berry est très bien dans son rôle de Luisa Rey arrivant à incarner la journaliste badass dans ce segment. Pour son rôle de Meronym, elle est assez similaire à Tornade des X-Men mais est sympathique.


Jim Broadbent est vraiment détestable en Vyvyan Ayrs, le vieux compositeur dans Lettres de Zedelghem mais aussi hilarant du pauvre éditeur Cavendish, interné à cause de son frère. Cette partie est vraiment burlesque. Son personnage du Capitaine Molyneux dans Le Journal de la traversée du Pacifique d'Adam Ewing est un peu plus conventionnel mais bon.


Hugo Weaving par contre est bien plus utilisé comme un antagoniste ou une figure d'autorité intimidante (bref, j'aurai aimé qu'on ait un équivalent d'Erowyn dans le film). Il a plus d'importance dans l'Oraison de Somni et est une figure fantomatique intimidante dans La Croisée de Sloosha. En revanche il est totalement hilarant en infirmière dans l’Épouvantable Calvaire de Timothy Cavendish. Sinon, il joue le père stricte dans Le Journal de la traversée du Pacifique d'Adam Ewing et un équivalent de l'Agent Smith dans Demi-vies, la première enquête de Luisa Rey


Jim Sturgess a de l'importance dans 2 séquences. La première où il joue le rôle d'Adam Ewing, un médecin qui va se rendre compte des problèmes de la traite négrière et dans l'Oraison de Somnie où il joue l'équivalent de Neo. Dans les 2 cas il est amoureux de son âme soeur (on y vient jouer toute 2 par Bae Doona) et dans les 2 cas il se bat pour un monde plus juste. Dans les 2 cas, il se bat contre l'injustice sauf que dans la première histoire il se rend compte de la bonté de Autua (on y vient) et de l'autre il partage ses convictions à Somni. Dans la dernière histoire, il est le malheureux frère de Zachri. En revanche, il a une séquence mémorable dans l’Épouvantable Calvaire de Timothy Cavendish où il joue un écossait meneur de la bagarre (tiens, cette scène n'a pas été une référence dans How I Met Your Mother ?


Et Bae Donna. Elle n'est présente que dans 3 histoires mais mémorables dans les 3. Dans le Journal de la traversée du Pacifique d'Adam Ewing, elle joue la fiancée d'Adam où elle décide de braver son père afin de vivre avec Adam. La 2e étant la première enquête de Luisa Rey où elle joue la très drôle et caractérielle mère de Megan. Mais je pense que tout le monde a retenu la section où elle est l'héroïne à savoir l'Oraison de Sonmi. Elle joue une clone Sonmi-451 (mais aussi d'autres Sonmi dont une prostituée) qui avant ne vivait que sa vie de clone jusqu'à qu'elle découvre qu'un autre clone Yoona~939 (jouée par Zhou Xun) essaye de se défaire de leur condition. Elle va elle - même développée des signes de remises en questions jusqu'à ce qu'elle découvre Hae-Joo Chang (Jim Sturgess) avec qui elle était liée dans d'autres vies. En un sens elle est une version féminine de Neo de Matrix même si visuelle , Hae-Joon l'est. Elle deviendra la figure pacifique de l'émencipation et son témoignage deviendra l'oraison qui inspirera les hommes de l'époque de Zachry et sera considérée comme une déesse.


Je n'ai pas oublié Ben Whishaw alias Robert Frobisher. Si ses autres rôles sont anecdotique (un Mousse dans Le Journal de la traversée du Pacifique d'Adam Ewing, une femme nommée Georgette dans L'Épouvantable Calvaire de Timothy Cavendish ou l'employé qui vend le disque dans Demi-vies, la première enquête de Luisa Rey, c'est surtout son rôle de Robert Frobisher, un jeune pianiste talentueux qui est devenu le disciple de Vyvyan Ayrs et cachant son homosexualité, quitte à avoir une liaison avec la femme de ce dernier. Il découvrira la vraie nature de son professeur et tentera de s'en sortir.


Les autres personnages sont assez secondaires mais on peut s'amuser à les repérer. Le plus communs étant Hugh Grant qui joue à la fois des personnages classes comme Révérend Giles Horrox, des personnages fonctions comme Gérant de l'hôtel, des personnages joyeusement détestables comme Denholme Cavendish ou des antagonistes comme le Chef Kona.


Zhou Xun alias Yoona~939 est aussi un bon personnage secondaire dans la Croisée de Sloosha où elle est la belle-soeur de Zachry


Keith David alias Joe Napier dans l'histoire de Luisa Rey où il joue une figure protectrice de cette dernière à vraiment un bon moment dans cette histoire alors que ses autres incarnations font de lui des figures d'autorité comme l'histoire de Somni ou un sage dans l'histoire de Zachry


James D'Arcy qui joue l'amant de Probisher Rufus Sixsmith est le seul acteur qui joue le même rôle dans 2 histoires différentes (dans l'histoire de Luisa Rey, Rufus est devenu un physicien âgé). Assez secondaires dans toutes les histoires, il fait plus office de témoin.


David Gyasi alias le père défunt de Lisa Rey est l'esclave de la première esclave. Une figure qui veut devenir libre et accorde vraiment sa confiance à Adam Ewing. Dans la dernière histoire, il est Duophysite alias l'un des sages supérieurs de Meronym.


Susan Sarandon n'a pas de grands rôles non plus. On la reconnaît plus dans l'histoire de Cavendish (elle joue le rôle de Ursula, l'ancienne amante de Cavendish) mais elle a un bien meilleur rôle en tant que prêtresse de Sonmi dans l'histoire de Zachry. Ok



6 histoires à travers les âges.



Comme je l'ai expliqué, le film forme un tout à travers 6 histoires. Racontés par un Zachry âgé sous forme de conte. La première est le voyage d'Adam Ewing qui lui permettra de prendre conscience des discriminations et de l'esclavages et comment il va se rendre compte de la bonté contre la cupidité de personnes dont il avait confiance. Une histoire qui se déroule en 1841 et qui inspirera Robert Probisher pour son Sextet qu'il défendra afin qu'il soit reconnu en 1936. Il le transmettra à son amant Rufus Sixsmith qui deviendra le physicien d'une centrale nucléaire sur laquelle Luisa enquêtera en 1973 (tout en écoutant dans le détour d'un disquaire le fameux Sextet). Cette histoire sera écrite par Javier Gomez et lit par l'éditeur Jim Cavendish en 2012. Son aventure fera l'objet d'un livre adapté en film vu par Sonmi en 2144 dont l'Oraison sera entendu par Meronym et Zachry en 2321. Même sans qu'elles soient liées ses histoire ont un fond commun, ceux de personnes ordinaires qui font et vivent des choses extraordinaires et liés par leurs marques en forme d'étoiles filantes, par leurs aventures respectives, par leurs réincarnations etc. La prouesse du film est qu'on soit vraiment investi dans chacune de ses histoires. Ce film est vraiment bien racontée et inédit dans son exploitation car beaucoup de réalisateurs n'ont pas le talent de raconter comme ils font sans que se soit brouillon (sauf Christopher Nolan). Bien sûr il faut un temps d'adaptation mais comme Dunkerque récemment ou Inception plus tôt, on s'y fait vite. Surtout que le film mêle des genres de manières très fluides ! Film d'époque, film de pirates, polar, comédie burlesque, science fiction proche de Blade Runner et monde post-apocalyptique. C'est vraiment bien fait. Et j'ai envie de répondre à cette question : Es-ce que le film est prétentieux ? Et surtout, comment reconnait-on un film prétentieux ? Pour moi, c'est terme que j'aime pas parce que chaque réalisateur à une thématique à nous faire racontée. Un film est pour moi prétentieux quand le film prétend nous vendre une histoire alors que c'est du vent. 50 Nuances de l'Arnaque est une saga prétentieuse, tous les films d'Uwe Boll sont prétentieux. Les films de Terrence Malick sont parfois à la limite de la prétention. Ce film là non. Donc quand on me dit que les Wachowski sont des cinéastes prétentieux, pas du tout. Tous les films que j'ai vu d'eux (j'exclus Bound, Speed Racer et Jupiter Ascending que je n'ai pas vu) ont un sens et ont du sens (même Matrix : Revolution malgré ses défauts évidents). Du coup on a un film qui est un ensemble de 6 histoires qui forment une oeuvre totale et marquante



Un chef d'oeuvre sous-estimé ?



Pour moi, oui et non. Chef d'oeuvre, j'ai encore du mal (il n'était pas loin) mais le film est grandement sous-estimé. C'est un excellent film qui mérite d'être vu. C'est un film qui brasse pas mal de thématiques qui vont de la poursuite des rêves, à la confrontation avec la réalité, la remise en question de ce qu'on prenait comme acquis et de savoir transcender notre existence par delà le temps (non ce n'est ni pompeux, ni grandiloquent). Un film qui n'a pas trouvé son public mais qui au final sera aussi marquant que Matrix (en plus vu la réputation de Sense8 ce n'est pas étonnant). Un film à voir au moins une fois dans sa vie

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le 12 févr. 2015

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Neo Cosmic

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