Une œuvre perturbante détonnant avec le remarquable Love Exposure. Voilà ce que nous offre Sion Sono en attendant Guilty of Romance. Cold Fish est une descente aux Enfers aussi macabre qu'hystérique, aussi violente que sexuelle.

Tiré de faits réels, ce qui n'est pas sans rajouter un certain malaise chez le spectateur, la narration se centre sur deux visages de la folie : celle tacite, voire refoulée symbolisé par le personnage principal et celle assumée et exprimée, symbolisé par le tueur excentrique. Ces deux visages se confrontent indirectement puis directement dans une danse extrêmement malsaine. Celle entre un modeste père de famille, marchand de poissons tropicaux et un important entrepreneur exerçant dans le même milieu. Le génie du film est de faire transpirer une tension dès la rencontre entre cet homme effacé et cet homme exubérant, avant de découvrir que celui-ci est un serial killer méthodique, aidé dans ses méfaits par sa femme. Le couple resserre alors un étau irréversible sur la famille du personnage principal.

Méticuleux, Sono dépeint la nature humaine empreinte de folie. D'ailleurs, à la vue du film, on pourrait presque penser qu'il n'y a pas d'humanité sans folie. Aussi, le long-métrage n'hésite pas à recourir à des effets sanglants, voire carrément gores, pour représenter cette folie. Pervers et misogyne, la cruauté latente de Cold Fish laisse en nous des marques persistantes comme si la pellicule nous griffait de l'intérieur avec une narration aussi mesurée que l'élaboration d'une bombe, et on peut dire que l'explosion est au bout de la dernière bobine.

Sion Sono est incontestablement un des cinéastes japonais les plus talentueux de sa génération et il le prouve encore avec Cold Fish.
Templar
7
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le 19 août 2011

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