Dans sa première partie, Cold War laisse à penser que le réalisateur souhaite traiter en profondeur de la politique du pays au début de la Guerre froide. Mais Pawel Pawlikowski fait le choix osé de rester en surface de ces éléments pour se recentrer sur l’histoire du couple dans sa seconde partie, aux enjeux totalement différents. Ainsi, le cinéaste enchaîne les ellipses et les bonds dans le temps. D’une scène à une autre, plusieurs années s’écoulent et on pourra aussi bien voir le couple se retrouver et se quitter à nouveau, se croiser et se rater de peu. Le tout, réduit en à peine une heure et demie. Le cinéaste va donc à l’essentiel, mais s’attarde pour autant sur des moments précieux. Comme ces premiers regards de Wiktor (adossé à un miroir) vers Zula (accoudée à un piano, qu’on devine au loin).
Bien sûr, il est parfois difficile de se sentir totalement impliqué tant le réalisateur peut survoler ses personnages et leurs problématiques (ou du moins en apparence). Mais c’est justement ce côté hâtif qui donne au film sa part de tragédie humaine. Car les problèmes de Wiktor et Zula viennent en grande partie d’eux-mêmes et de leurs différences idéologiques. Wiktor ayant une vision d’artiste, quand Zula, plus pragmatique, songe avant tout à s’en sortir face aux hommes (son père étant le premier). Et si toute la douceur mélancolique de Tomasz Kot émeut, le regard dur sur le visage d’ange de Joanna Kulig offre un sublime contraste.
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