Il s'agit d'une histoire d'amour entre un ethnomusicologue/chef d'orchestre et une chanteuse/danseuse de musique folklorique. Les deux amants sont polonais, et vivent dans une Pologne d'après-guerre (l'histoire se déroulant entre 1949 et 1964, me semble-t-il). Leur situation les poussera à voyager, se quitter, se retrouver, pour le meilleur comme pour le pire.
Il faut bien avouer que le gros inconvénient au niveau du scénario... C'est qu'on a bien peu d'affection pour les personnages et pour leur relation. C'est dommage, pour un film qui parle d'amour.
Cela est peut-être dû au fait que le film est construit sur beaucoup d'ellipses : 15 ans d'histoire sont racontés par bribes en une heure et demie, et par conséquent certains passages sont rapidement sautés, comme le moment où Wiktor se fait emprisonner. On zappe 5 ans, et paf il sort de prison, comme si de rien n'était, il y a juste un peu d'eau qui a coulé sur les ponts, mais ça n'importera pas pour la suite.
Les protagonistes sont difficiles à cerner et à comprendre, on éprouve donc peu de compassion à leur égard. Et c'est dommage, car il y avait sûrement quelque chose à creuser !
Esthétiquement, le film est superbe ! Plusieurs plans sont dignes de cartes postales, il y a des scènes intenses, et notamment les scènes musicales. Car oui, la musique est ici omniprésente et diversifiée. On commence dans de la musique folklorique polonaise, qui est rapidement réécrite pour un ensemble musical plus important (orchestre et chœur), réunissant ainsi les univers des deux personnages.
La présence d'autres genres musicaux montre aussi à quel point le couple cherche une stabilité, on passe par du rock'n'roll, du jazz ou encore de la musique classique, ou plutôt romantique car il s'agit là de la musique de Chopin (emblème de la musique polonaise s'il en est). Les chants folkloriques polonais évoluent même jusqu'à se jazzifier (leur musique se capitalise alors, selon un terme que j'emprunte à Jyben).
A vrai dire, mis à part son scénario elliptique et ses personnages peu charismatiques, Cold War donne quand même envie d'arriver jusqu'au bout, le visuel et l'auditif l'emportant sur un manque de scénario approfondi.