On se laisse porter par la volonté un brin fantaisiste du personnage, aventurier des temps modernes et surtout du dimanche. La comédie, relativement efficace, vient en grande partie de ces instants, dans lesquels chacun pourra se reconnaître, où le héros n’arrive pas à monter sa tente, où il reste coincé à cause d’une souche sur le cours d’eau... De ces micro-événements burlesques sans grande envergure va découler la grande aventure, la vraie. Celle qui donne envie de se lancer dans un domaine que l’on ignore, sans filet. Celle provoquée par le hasard. Et c’est bien au hasard d’un brainstorming sur les palindromes que le héros se retrouve à découvrir le kayak.
Réenchanter le quotidien à la faveur d’un cours d’eau, d’une danse improvisée dans une guinguette ou d’une bouteille d’absinthe partagée, c’est le défi que semble s’être lancé Podalydès, le cinéaste et l’acteur. Un défi largement relevé avec ce film qui nous fait voguer hors des sentiers battus et rebattus du démon de midi pour nous emmener ailleurs.
Certes, le film perd un peu quand le personnage commence à rentrer dans les sentiers battus et à étalonner son rapport au monde sur celui des autres. D’où un final moins convainquant que l’ensemble avec une morale un peu attendue, qui manque d’envergure. Qu’importe, la croisière fut douce.
De cette épopée un peu grotesque, puisque Michel revient en permanence sur ses pas -jusqu’à s’échouer au bord du parking d’un supermarché - on ressort heureux. Le décalage poétique a opéré.
Une excellente détente cinématographique pour un film qui décoiffe et vous fera aussi rêver.