Infestation, oppression et possession... Les trois stades d'une attaque spirituelle selon nos amis les Warren, deux chasseurs de démons au charisme d’huître. Personnellement je les ai bien ressentis dans cet ordre les trois stades en regardant ce film :


1) Infestation : les clichés qui s'amassent et qui font plus ridicule qu'autre chose.
2) Oppression : les effets horrifiques sont lourds et arrivent sans aucune surprise, me laissant dans un agacement d'embouteillage.
3) Possession : entre une expérience sexuelle douteuse (allez, presque...) et mon incompréhensible intérêt pour voir Conjuring jusqu'au bout, ça se tient là.


La question est : peut-on spoiler un film d'horreur ? Si ? Vraiment ? Non, arrêtez, c'est censé être basé sur une histoire vraie, tout le monde ne peut pas déjà connaître la fin. Cela ce saurait si la réalité ressemblait à Hollywood. Misère... Voyons ce dont il retourne dans le film, mais avant cela je voudrai préciser que je remarque que beaucoup de gens apprécient Conjuring. Etant un grand amateur de film d'épouvante, je tiens à dire que celui-ci n'a rien d'incroyable.


Dans Conjuring, on enchaîne les poussifs, et ce, de manière très énervante. Les mecs ! On sait que c'est un film d'horreur, on le sait tous ! Je comprends qu'il est important de préparer le spectateur en créant une ambiance crescendo mais, par pitié, renouvelez-vous... Entre la petite famille Américaine de base qui emménage dans une nouvelle maison, une très ancienne qui plus est, le chien qui ne veut pas y entrer parce que, c'est bien connu, les animaux ressentent les esprits et ce genre de conneries. Ça doit être le flair. Sait-on jamais, peut-être que le chien allait-il tout rapporter à ses maîtres lorsqu'il a vu l'esprit et qu'il s'est fait misérablement buté pour la même raison ? Ou étais-ce encore poussif et inutile ? J'ai ma petite idée... Bong ! Quézako ?, me dis-je en relevant la tête. Est-ce un avion ? Non. Est-ce un oiseau ? Euh... Il semblerait. Bien. Un pigeon vient de crever en se suicidant sur la maison, mec. C'est dix ans de malheur au moins ces conneries... Tu la SENS ton ambiance là ! Et, pitié, arrêtez avec le somnambulisme, elle a juste des troubles autistiques votre gosse. Personne ne se tape la tête contre une armoire dans son sommeil...
Et j'en ai assez de ces acteurs qui jouent en te montrant bien qu'ils savent pertinemment qu'ils sont dans un film d'horreur. C'est très énervant. Par exemple, l'une des gosses demande à sa mère de tourner la manivelle d'un jouet avec un miroir, lui disant qu'à la fin du mécanisme, son "ami invisible'' se montrerait. D'où la mère est-elle inquiète ? Sérieusement ? Tu me fais ça dans la réalité mais... je sais pas, au pire tu joues le jeu mais pas comme ça !
Ah ! Et puis, parlons en un peu de l'esprit qui semble hanter cette maison, lui-même qui vient dans le lit des petites filles pour leur gratter les pieds. A mi chemin entre le chat et un pédophile, t'envois du rêve là, mec. Après, c'est vrai que le coup de est-ce qu'il y a quelque chose sous le lit ? fonctionne toujours avec moi, l'effet de renversement de la caméra n'est pas mal non plus. La fille panique donc, voit des gens invisibles etc. Si on ne la savait pas dans un film on se dirait juste qu'elle a un pet-au-casque la donzelle. Aux vues des regards bovins que lui lance ses sœurs, ça doit bien être le cas.
En parallèle nous avons droit aux aventures palpitantes des ghostbusters...des chasseurs de démons je veux dire. Wouah, ça tue votre métier, les gars. Très crédible. Enfin bref, ils vont voir une maison et constatent très vite qu'elle n'est pas hantée, que les bruits viennent des canalisations blablabla... La femme Warren (qui est jouée par la mère dans la série Bates Motel) explique alors qu'il y a souvent une explication rationnelle. Vous n'avez juste pas envie de faire votre taff, avouez. Parce que ce genre de charlatans sont d'ordinaire les premiers à te dire des trucs du style Oh, mais attendez... Vous avez entendu ? Je crois qu'on nous a demander de partir...
C'est ce que nous faisons en retournant chez la belle petite famille de cinglés où il fait déjà nuit. La mère a tantôt peur des tableaux, tantôt d'une balle, cette dernière étant introduite par une mystérieuse chute dans l'escalier du sous-sol et suivit d'une coupure de courant. Plus cliché tu meurs. En tout cas, l'esprit veut jouer (sa voix m'a d'ailleurs beaucoup fait rire. C'est une version Québécoise je précise) et attrape la mère vers d'insondables expériences hédonistes. Sait-on jamais... En fait, non, tout va bien, ce sont les filles qui se font attaquer et c'est par un subtil fondu au noir que la situation passe à autre chose. A plus d'esprit pour aujourd'hui, revenez demain.
Les choses deviennent comme qui dirait sérieuses, si bien que l'on appelle les Warren pour enquêter. L'homme remarque tout de suite une odeur de pourriture dans la maison. Alors, esprit démoniaque, cadavre de l'ancien propriétaire dans la penderie ou les conséquences de la soirée fajitas de la veille ? Nous ne le saurons jamais malheureusement.
On leur fait une visite du propriétaire, pensant peut-être pouvoir, au passage, leur revendre la baraque avec l'aide ô combien indispensable de Stéphane Plaza, mais non, la femme Warren (que nous appellerons désormais Mama Bates) ne souhaite voir que le sous-sol, où Quelque chose d'horrible s'est passé... Surement une beuverie étudiante. Galvanisée par les relents de bière et de Malibu coco, notre amie chasseuse s'en va dehors et commence elle aussi a se payer une tranche de trip hallucinatoire, constatant que quelqu'un est pendu au grand arbre du jardin.
Par la suite, la famille apprend une chose vraiment tiptop : l'esprit est du genre collant et les suivra à jamais même s'ils s'enfuient. Dans un futur hypothétique, on aurait pu avoir la scène suivante :


"C'est quoi ce truc sur la photographie avec vous ?
- Oh, ça, c'est Béatrice, notre esprit vengeur. C'était il y a deux ans à Rio. Qu'est ce qu'on a rigolé ce jour-là"


Les Warren décident que la menace existe bel et bien et font installer tout un tas de bazars rigolos dans la maison pour repérer des phénomènes paranormaux, chose bien inutile il me semble car tout le monde peut les voir à l’œil nu. Alors on prend des photos... Il y aura forcément une utilité dans le futur à les poster sur d'obscures sites Internet. Hé, chacun son vice, on ne juge pas. Mais voilà, l'installation est sujette à faire s'abaisser la vigilance du spectateur pour mieux le surprendre par la suite. On créé même une "tension" amoureuse entre l'une des filles et un mécano-stagiaire (vu son âge). Tout le monde rigole et parait avoir oublié la sorcière/esprit/démone/gamine du dessus de l'armoire.
Petite parenthèse sur les accessoires (croix, eau bénite et toutti quanti) : les croix chrétiennes énervent les esprits selon le chasseur démonologue. Brillante idée que d'en foutre partout, m'est avis.
Si vous avez vu le film, je tiens à dire que le coup du drap qui s'envole en laissant deviner une forme humanoïde est très drôle... Mais nous n'avons pas le temps d'expliquer l'inutilité de la chose car la mère de famille vient de se faire chopper une seconde fois (elle en redemande la coquine) et se fait asperger (si si, je vous assure) d'un liquide rouge. Oulalah, va-t-elle être possédée comme le veut la troisième étape qu'a cité le couple Warren ? Sérieusement, on se pose encore la question, là ?
Un jumpscare poussif plus tard, nous avons droit à nouveau à du somnambulisme et une scène faussement intéressante. En tout cas, suffisamment pour nous introduire un passage secret tout poussiéreux et très casse gueule vu que Mama Bates se ramasse tout en bas sans égratignures. L'effet avec le miroir dans la cave est plutôt efficace soit dit en passant. Pour le coup, cette scène est plutôt pas mal, même si on veut nous faire peur avec une fille pendue qui tourne sur elle-même. En parlant de gens qui tournent, à l'étage, l'esprit s'amuse comme un petit fou et fait tourner tout le monde comme dans une centrifugeuse mal réglée. Très efficace ! La chose étant un peu troublante pour les protagonistes, c'est sujet à décarrer. Et alors qu'il faut partir, Mama Bates nous fait un nouveau bad trip.


"Fuir, vous avez dit plus haut cher Fosca ?
- Oui Billy, tu suis bien. En effet, fuir.
- Pour aller où ?
- Chercher un prêtre, voyons... C'est évident.
- Vraiment ? Et le type les croit sur parole et tout ?
- Exactement mon petit Billy. Je te rappelle que tous les acteurs savent qu'ils sont en train de jouer dans un film d'horreur.
- Ça se tient."


Mama Bates et son chasseur de mari ont une révélation : leur fille est en danger. Pourquoi ? Et bien Mama l'a vu dans l'eau après un peu trop de champis. La fille est bien évidemment sauvée de justesse et l'esprit n'est pas très persévérant donc ça va. Mon dieu, quelqu'un va-t-il mourir dans ce film ? C'est mal partit.
De retour à la maison, la charmante mère de famille nous fait une grosse crise. On décide de l'emmener voir le prêtre mais l'esprit refuse de la laisser partir, si bien qu'elle se couvre de petits vagins sur tout le corps. Les personnages ont une idée des plus logique : choisissons plutôt de la sangler au sous-sol afin de pratiquer un exorcisme maison, ou plutôt une caricature très amusante d'exorcisme.
Priorité au direct où nous avons droit dans le jardin à un remix sauce samouraï des Oiseaux de Hitchcock. Un peu plus et j'aurai des frissons... Et puis quoi encore.
Mais alors que le démonologue impressionne son entourage avec ses trois ans de latin au collège, le démon, lui, leur échappe pour aller tuer l'une de ses filles. Tuer, vous avez dit ? Va-t-elle y arriver la bougresse ? Et bien non. La mère possédée est ramenée à la raison par les bons sentiments et la morale Américaine de base. Le monde est sauvé, visiblement l'esprit est banni à jamais. Pas vraiment terrible la bête. Fin...


Et après ça, vous espérez TOUJOURS que l'on croit que le film est inspiré d'une histoire vraie ? Mon dieu...

Fosca
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le 17 sept. 2015

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Fosca

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