Évidemment, c'est un film que j'ai vu à sa sortie, au printemps 96, et que j'ai revu plusieurs fois depuis. C'est sans doute le film de Rohmer qui a eu le plus de succès, qui a du faire le plus grand nombre d'entrées. Je me souviens que tout le monde en parlait, dans les médias, dans les soirées, même des gens qui s'intéressaient peu ou pas à son cinéma. C'était un peu le truc à la mode, après (ou avant ?), ce fut Marius & Jeannette, puis les gens sont passés à autre chose. C'est sans doute pour ça que dans mon souvenir, ce beau film me parait toujours un peu suspect, presque trop facile à aimer, comme si j'en étais un peu dépossédé (ça et le fait que Poupaud joue le bogosse alpha de manière un peu agaçante). Mais pourtant ce film, il faut le voir et le revoir, pour le juger pour ce qu'il est vraiment, et pas sur la base de souvenirs diffus qui n'ont rien à voir avec le film. Conte d'été est bel et bien une vraie merveille, l'un des films les plus solaires (et ce n'est pas lié qu'à la saison) de son auteur, celui sur l'âge des possible et celui sur la quadrature du triangle amoureux où toutes les possibilités sont envisagées pour finalement tracer la route en solo. Il y a un truc qui a changé dans mon rapport au film. Les premières fois où je l'ai vu, je ne connaissais pas Dinard. Et, maintenant que je connais cette ville, je vois le film différent. La topographie est à mes yeux un élément essentiel du cinéma, et pouvoir situer des corps précisément dans un espace connu, pouvoir les positionner dans une géographie connue est un plus évident pour s'approprier un film, le faire sien, d'autant plus quand, comme ici, les lieux filmés le sont avec autant de vérité et de beauté.
FrankyFockers
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le 6 déc. 2013

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