Vu dans le cadre des séances cinés entre internes de psy. Concernant le film en lui-même, c'est effectivement joliment fait, sans fioritures. Les acteurs sont bien à leur rôle, dommage qu'on se concentre tant sur Ian Curtis (j'aurais voulu plus de producteur injurieux à grosses lunettes). On consacre du temps à l'aspect musical du groupe, normal, mais ne connaissant pas Joy Division, ça ne m'a pas non plus retourné la tête. A part peut-être la découverte du jeu de scène du marcheur épileptique de Curtis.
Cela dit, je rejoins certains de mes collègues qui ont trouvé le scénario plutôt vide avec une succession plan-plan des séquences, certaines très rapides (mariage, bébé) d'autres superflues (la séance d'hypnose qui ne sert qu'à révéler la fin du film). Il arrive donc qu'on s'ennuie gentiment, tandis que cela donne une image de Curtis d'un gars isolé (parents absents, pas d'investissement affectif dans sa fille, pas d'ami en dehors du groupe...).
Sinon, un peu déçu par le potentiel rapport à la psychiatrie de ce Control. On nous l'avait vendu comme un film sur la mélancolie, mais difficile de dire que le scénario s'intéresse vraiment à cet aspect du personnage. On a bien l'impression par moments qu'il se joue quelque chose sur le plan thymique (regard vide, perte d'appétit et d'énergie), mais cela donne plus à penser qu'il s'agit du malaise existentiel d'un jeune gars dépassé par les événements et en butte aux doutes concernant ses choix de vie. Sa 1ère tentative de suicide aux médocs est peu détaillée, il ressort aussi sec de l'hosto (magnifique séance avec le charbon) sans que personne ne semble s'en inquiéter.
Après, on pourrait dire que le film porte une thématique plutôt neuro-psychiatrique (la différence est importante pour nous autres), avec sa pathologie convulsive qui marque Curtis au plus profond de lui. La rencontre avec le neurologue est géniale, tant dans l'abondance surréaliste de traitements anti-épileptiques prescrits que dans l'attitude du médecin, pas du tout convaincu de l'efficacité de sa thérapeutique. Il existe par ailleurs des complications épileptiques rares avec risque de geste suicidaire dans la phase post-critique, ce qui éclairerait bien la conclusion du film. Sachant que globalement, l'épilepsie demeure de toutes manières un facteur de risque de suicide.
On peut aussi chercher la petite bête en proposant l'hypothèse que Curtis ne souffre pas d'épilepsie, mais plutôt d'hystérie conversive et qu'il reproduit (mal en plus) la crise qu'il a observé chez une des usagers du Pôle Emploi british où il travaille.