Quand on aime Jim Thompson, quand on vénère son chef d'œuvre, "1275 âmes", on ne peut qu'être tragiquement déçu par l'adaptation par Tavernier de ce polar monumental. Il faut donc aller revoir ce film tellement français une seconde et une troisième fois, se débarrasser de ses préjugés, pour commencer à apprécier le travail effectué par Tavernier et son équipe. "Franciser" le film en le transposant dans l'Afrique coloniale et ses vices est un coup de maître, car c'est probablement la seule manière d'éviter l'artificialité d'une vision française de l'Amérique profonde, tout en préservant le sujet du livre. Malheureusement, cela ne suffit pas pour faire un grand film, et s'il y a un problème fondamental qui empêche "Coup de Torchon" d'être autre chose qu'un très sympathique divertissement, c'est le choix discutable qui a été fait de jouer en permanence la carte de la comédie de mœurs, et de laisser les acteurs, Noiret et Huppert en tête, cabotiner à l'envi. La noirceur tragique passe donc à la trappe, et ça, c'est vraiment dommage !
[Critique écrite en 1981, 1987 et 1991. Remise en forme en 2018]

Créée

le 5 sept. 2018

Critique lue 591 fois

8 j'aime

9 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 591 fois

8
9

D'autres avis sur Coup de torchon

Coup de torchon
Grard-Rocher
8

Critique de Coup de torchon par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En 1938, dans un village d'Afrique Occidentale Française, Lucien Cordier est l'unique policier. A l'allure douteuse et nonchalante, l'homme est paresseux, laxiste et peureux, à tel point qu'il...

65 j'aime

28

Coup de torchon
Kalian
7

Avec les damnés

1938 dans une colonie française d'Afrique occidentale. L'unique policier d'un petit village, fainéant, lâche et indolent se fait constamment humilier par sa femme, des proxénètes, ses supérieurs,...

le 21 oct. 2010

34 j'aime

2

Coup de torchon
-IgoR-
5

Tandis que je t'interlocute

De l'imagination fertile de Jim Thompson, ainsi que de la minutieuse observation de ses contemporains les moins fréquentables, naquit un roman viscéral, un bijou noir unique en son genre, aussi drôle...

le 29 juin 2016

24 j'aime

8

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

184 j'aime

25