Français expatrié aux États-Unis, Alexandre Aja a une carrière en dents de scie. Capable du meilleur comme du pire, il s'est surtout distingué dans les films d'horreur (La colline a des yeux, Haute Tension, Mirrors). Mais ce qui nous intéresse ici, c'est son dernier film, Crawl.
Autant vous le dire tout de suite : je suis très bon public sur ce genre de produit. Il ne faut généralement pas grand-chose pour me mettre dedans, surtout qu'un film de crocodile au cinéma est quelque chose de très rare. Du coup, l'air de rien, je l'attendais pas mal, ce Crawl. Verdict ? Je dirai déception.
Le film n'est pas mauvais en soi. Il se regarde plutôt bien, rien de choquant, de scandaleux, de déplacé... Mais c'est peut-être ça le problème. Ce film est très convenu, très bateau. Il n'y a pas de surprise, quasiment pas de suspens... un comble pour un film d'horreur !
Le premier souci, ce sont les acteurs (quand je dis les acteurs, ce sont les deux principaux, les autres ne servent à rien). Je ne demandais qu'à croire à leur histoire, et pourtant jamais je n'ai été sensible à ce qui pouvait leur arriver.
Et puis leurs blessures n'ont pas l'air de trop les gêner !
Le seul frisson, c'est quand la fille retire son père de l'eau : là, on se demande s'il va y rester. J'ai quand même été un peu agacé de voir comment se terminait le massage cardiaque : vu que son père ne se réveille pas, la fille lui assène un coup de poing sur le torse et comme par miracle, l'eau retenue dans les poumons s'évacue... Tout le monde sait bien qu'un massage cardiaque est beaucoup plus efficace que ce genre de bêtise, il faudrait arrêter de reprendre ce cliché.
Deuxième souci : les alligators. Déjà, je pense que c'est une mauvaise idée d'en avoir mis plusieurs. Ça ne multiplie pas le danger, ça divise l'intérêt qu'on pourrait avoir pour eux. Les alligators ne sont que des obstacles dans la progression des héros, ils ne servent à rien d'autre. Je trouve ce choix scénaristique assez surprenant, parce que les rares bons films de crocodiles (Solitaire, Black Water, Lake Placid) avaient à chaque fois un seul crocodile (2 max pour Lake Placid, me semble-t-il).
Dans Crawl, les alligators ne font pas peur. La sensation de danger n'est pas assez communicative, les apparitions des sauriens n'effrayent plus passé la première partie du film. Surtout, Alexandre Aja semble avoir perdu ce qui avait fait le succès de ses bons films : l'ambiance, le côté horrifique, la bande-son, bref tous les ingrédients d'un film d'horreur digne de ce nom. Ici, l'interdiction aux moins de 12 ans est uniquement dû aux morts des personnages secondaires, un peu gore.
Troisième souci : ce film fait un peu cheap. Les alligators sont bien faits, mais quand la caméra circule à l'extérieur de la maison, on se rend compte que certains effets numériques sont carrément dégueulasses. Et pourtant, je suis loin d'avoir l’œil là-dessus... C'est au final un film de série B, qui aurait très bien pu sortir directement en DVD.
Crawl n'est clairement pas le genre de film qui révolutionnera le genre. Plus près d'un En eaux troubles que d'un 47 Meters Down, il limite au maximum les prises de risques et reste très convenu. Dommage.