Un survival-horror avec des alligators réalisé par Alexandre Aja, le talentueux réalisateur du génialissime Piranah 3D ? Il n'en fallait pas plus pour me vendre Crawl. Il est évident que le film se veut une version plus terrestre de l'angoissant The Shallows de Jaume Collet-Serra, un autre survival-horror où l'héroïne était confronté à ce qui pourrait être le requin le plus terrifiant jamais vu au cinéma (non Jaws, toi tu as fait ton temps). Mes attentes étaient donc grandes, très grandes... mais malheureusement trop grandes.
La grande force de Crawl réside dans son concept même (pas nécessairement dans le script des frères Rasmussen qui est des plus basiques). Le producteur Sam Raimi a lui-même dit :
Des alligators qui attaquent durant un ouragan : pourquoi personne n'y avait pensé auparavant ?
Et forcé de constater que oui, c'est drôle de s'imaginer qu'aucun film avec ce concept n'avait encore jamais été réalisé. On aura eu à la place des sombres merdes comme ces œuvres ratées dans l'œuf avec des Crocomachintruc, des Titanoboamachinchose et moultes requintempêteavanlanchec'estdelamerde. Ici c'est un vrai film de survie qui se veut plus ou moins réaliste.
L'utilisation de l'ouragan (très réaliste au passage, les effets spéciaux sont au top) est brillante car l'inondation transforme la maison des protagonistes en un véritable piège mortel. Si affronter les crocodiliens s'avèrent difficile dans la cave sèche, l'arrivée de l'eau rend les choses bien plus compliqués. Et plus l'eau monte, plus les personnages doivent monter d'un étage, comme plusieurs niveaux dans un jeu vidéo. Une utilisation brillante de l'espace qui donnent lieu à des scènes bien angoissantes. Un sacré coup de génie.
Aja n'a pas perdu la main en ce qui concerne sa mise en scène. Les séquences de survie s'enchaînent bien, nous faisant parfois sursauter avec quelques jump-scare gratuits mais nécessaire car, soyons honnête, un alligator ça sort toujours de nulle part et ça fera toujours sursauter. Les quelques effets gores sont très réussis et satisferont les assoiffés d'hémoglobine.
Mais là où le bas blesse, ou plus déchiquète, c'est bien les alligators. L'attraction principale du film, les vrais stars du show, ce pourquoi j'ai glissé le Blu-Ray dans la fente de ma PS4. Les pauvres bougres : ils sont ratés. Dès leur première apparition, on n'y croit pas... et j'essaie encore de comprendre pourquoi. Les effets spéciaux sont loin d'être mauvais et les interactions avec leur environnement et l'eau frôlent la perfection. Peut-être s'agit-il de leurs mouvements trop fluides et trop détaillés, parce que sérieusement, observez un peu alligator sur la terre ferme : ça se déplace comme une planche à pain avec des pattes. Et les yeux oranges des bestioles n'améliorent pas la chose, on dirait qu'ils ont des LED. Aja a dit vouloir des alligators très réalistes tout en étant terrifiants, mais ça ne marche absolument pas car un vrai alligator, ça ne fait en soit pas peur (dans un film non, mais en vrai oui, quand même). Et en voulant les rendre plus effrayant tout en gardant le côté réaliste, le film propose un entre-deux qui ne fonctionne absolument pas. Résultat: chaque apparition des fougueux reptiles laisse de marbre, et ce malgré des scènes de massacres plutôt réussies mais plombées par des antagonistes auxquels ont ne peut croire. Et c'est terriblement dommage car des animatroniques avaient été fabriqués pour le film... et ils étaient parfaits ! Donc pourquoi, POURQUOI, ne pas les avoir utilisé plus, bordel à couilles ! C'est à devenir fou !
Le film tente également d'instaurer une relation père-fille qui ne marche absolument pas. C'est brossé en 5 minutes puis on repasse au massacre. Les 2 personnages sont d'ailleurs extrêmement cons, prenant sans cesse de mauvaises décisions qui deviennent de simples prétextes scénaristiques justifiant l'attaque des méchants reptiles.
Crawl, c'est un cadeau de Noël magnifiquement emballé mais qui, une fois ouvert, déçoit car il contient un Monopoly au lieu de la dernière X-Box. Une énorme déception qui fait encore plus mal lorsque je me dit que les quelques gros problèmes auraient pu être facilement évités. Le résultat final reste une œuvre fort divertissante mais qui me laissera probablement un goût dégueulasse dans la bouche lors d'un éventuel second visionnage. Crawl n'est pas le digne héritier de The Shallows, et ça me désole.
Mais finissons quand même sur une note positive ! Le nom du personnage incarné par Barry Pepper est Keller, et le bougre passe la moitié du film dans... une cave. Je laisse les germanophones faire le rapprochement pendant je m'en-vais me cacher dans un sous-sol.