Si l'édition 2011 du Festival de Deauville a surtout été placée sous le signe du film dramatique, avec une sélection relativement noire voire pessimiste (cf Detachment de Tony Kaye sur la vie d'une professeur remplaçant dans l'une des banlieues difficiles de New York), Crazy, Stupid, Love. de John Requa et Glenn Ficarra est apparu comme le –vrai- moment de légèreté de la semaine. Je passe volontairement outre le vulgaire et franchement miteux Echange Standard, l'autre film estampillé « drôle » présenté en avant-première le week-end dernier.

Pour rappel, Requa et Ficarra sont les réalisateurs de I Love You Philipp Morris, comédie osée sur l'homosexualité superbement portée par des Jim Carrey et Ewan McGregor en forme. Après environ 2 ans d'absence, ils reviennent sur le devant de la scène avec cette comédie romantique aux allures éculées mais qui révèle à la fois un pouvoir comique efficace mais aussi un regard sur les histoires d'amour particulièrement bien dressé.

Il est vrai qu'après les ratés Bad Teacher, Comment tuer son boss et Echange Standard, on commençait sérieusement à déprimer devant tant de talent gâché même si Mes Meilleures Amies était venu récemment créer la surprise. Et là miracle ! 2011 n'est pas à mettre aux oubliettes, cette nouvelle comédie venant vraiment nous redonner foi, par son écriture soignée, son scénario à rebondissement par un usage habile des rôles et des informations qui sont distillées.

Pourtant, l'idée de base est simple : un looser (Steve Carell) se fait plaquer par sa femme (Julianne Moore) et va être coaché par un beau gosse, véritablement aimant à femmes (Ryan Gosling). Ça rappelle Hitch dans les grandes lignes mais cela vol à un tout autre niveau, car autour de ce thème central qui va être le fil rouge, les deux réalisateurs font graviter une série de petites histoires annexes en lien avec les problèmes du couple via les personnages de Kevin Bacon, de Emma Stone ou de John Carroll Lynch). Ainsi, ils arrivent à jongler d'une séquence à une autre en renouvellement en permanence l'attention des spectateurs et en faisant converger toutes ces routes vers une destination et une rencontre commune. Fait rare, malgré la multitude des personnages, chacun dispose d'une présentation suffisante générant quasi immédiatement de l'empathie.

Qu'il s'agisse du personnage de Steve Carell, au cœur de nos préoccupations, de son coach enchainant les conquêtes, de Emma Stone, jeune avocate en pleine introspection sentimentale ou encore de Analeigh Tipton (une adolescente amoureuse de Steve Carell), tous bénéficient d'une véritable attention au sein de l'histoire leur permettant de ne pas être cantonné au simple rôle de faire-valoir mais bien de jouer une place déterminante au sein du film. La couronne reviendra sans doute au jeune fils du personnage de Carell, amoureuse de la babysitteuse de quatre ans son ainée, et dont l'amour inconditionnel le poussera à des déclarations toutes plus improbables mais touchantes les unes que les autres.

Et c'est de cette intelligence globale que le film tire le plus souvent parti. Au-delà des blagues, Crazy Stupid Love arrive à proposer quelques réflexions bien senties et plutôt juste sur les histoires d'amour. Loin moi l'idée de dire qu'il dresse un portrait réaliste du monde mais la lecture entre les lignes pourra laisser entrevoir une analyse bien vue sur notre manière d'appréhender la question, quel que soit notre âge. Les différents personnages (du gamin de 11 ans jusqu'au père quadra en passant par la babysitteuse amoureuse) sont là pour ratisser large dans le bon sens du terme et proposer une vue assez exhaustive pour que chacun s'y retrouve plus ou moins.

Sans être une grande poilade, le film de Requa et Ficarra use des de l'accumulation des situations pour en créer de nouvelles plus cocasses, créant ainsi le vrai ressort comique du long-métrage. Crazy Stupid Love s'inscrit à mi-chemin entre un enchanteur Love Actually et le regard sur l'American Dream d'American Beauty permettant ainsi d'évoluer dans les hautes sphères des comédies 2011, bien écrites, attachantes et plutôt intelligentes.
mcrucq
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Créée

le 26 mai 2012

Critique lue 240 fois

Mathieu  CRUCQ

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