Steven Caple Jr. reprend un flambeau, trop dense pour lui et ne parvient à pas à lever le manque d’originalité, qui pèse sur chacun des coups qu’il souhaite donner à cette saga perdante ainsi peu à peu son intensité. Il n’est pas surprenant de constater un souffle cardiaque dans cet épisode qui se propose de s’étendre sur la postérité, mais qui au final reste sur les mêmes bases dont nous connaissons déjà les rouages et les secrets. Pourtant, il y a de l’ambition lorsqu’il s’agit de cadrer un combat de boxe, mais le ring ne se limite pas à un petit carré et l’on néglige beaucoup trop d’aspects pour se convaincre des bienfaits d’un film « Rocky ». Cette licence admet certainement des hauts et des bas, mais cette huitième tentative ne transcendera suffisamment par la nostalgie, pièce maîtresse qui fait tenir ce pilier défectueux et négligeable.


Le héros actuel, Adonis Creed (Michael B. Jordan) est toujours sujet à cette question de légitimité dans le nom qu’il porte. Bien qu’il ait trouvé sa réponse dans le premier volet qui lui était consacré, il revient avec plus d’entrain dans ce prolongement qui secouera encore plus l’héritage qu’il représente. Loin d’un épisode charnière dans sa vie, la structure narrative en pâtit. Le destin des personnages est prévisible à souhait, mais l’on ne trouvera pas autant de réconfort dans les interactions entre des personnages qui sont sans doute trop bavards et qui manque de subtilité dans le ton. On le sent déjà au bout du parcours ce Rocky Balboa (Sylvester Stallone). Toujours au coin du ring, mais toujours aux côtés d’Adonis pour le soutenir dans sa vie privée. Il constitue le tuteur idéal et le père qu’il n’a pas connu. Il se cantonne à cette tâche un peu trop aisément depuis qu’il a vaincu la vieillesse et une partie de sa maladie, mais alors pourquoi réclamer autant de sa présence, si ce n’est pour réunir une cellule familiale qui s’est perdue depuis un moment ?


Pourtant écarté de l’ancêtre vedette, le jeune Creed ne parvient pas à mesurer tout le poids de sa noblesse. Il ne sait fonctionner qu’en duo et le temps passé avec Bianca (Tessa Thompson) ne suffira pas à satisfaire cette complicité qui existe entre le maître et son apprenti, qui échangent coup sur coup. Bien que l’on survole certains de ces aspects, le film aura au moins le mérite de faire la paix dans nos esprits, en même temps que les personnages avec leur famille. D’un autre côté, nous avons un retour poignant, celui d’Ivan Drago (Dolph Lundgren), laissé en retrait malgré le contexte qui justifie un retour admirable. Oui, c’est indéniablement pour cet ancien rival et son fils que l’audience restera attentive. Alors que Viktor (Florian Munteanu) tente désespérément de susciter l’empathie, le relai freine constamment son élan et nous ramène auprès du quotidien d’Adonis, là où l’on aura du mal retrouver la même résonance.


Si mon premier est audacieux, mon second ne l’est pas et cela se ressent dans ce « Creed II », qui peine à se relever et à forger sa propre identité. Le tout sonne comme anecdotique face aux différents thèmes abordés dans les précédents volets. Celui-ci se contente de surfer sur la tendance d’un champion qui retrouve sa dignité, alors que le sujet développe un aspect fraternel, là où on l’attendait. Le père de substitution ou absent est de retour afin de diviser psychologiquement des personnages qui ne peuvent se comprendre que dans un ring fermé. Le sujet est maintes fois exploité, en alignant cliché sur cliché et en laissant les protagonistes subir les lois de la gravité. Finalement, ces derniers sont ramenés au plus bas et ne pourront jamais se lever assez haut pour nous convaincre d’un sacrifice nécessaire. S’il n’y a pas d’ambiguïté, il est impossible de débattre sur une identité.

Cinememories
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le 11 avr. 2019

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