Un Creed II douleur

• La date du combat a déjà été fixée?


• Le 25 décembre.


• Où?


• En Russie.


• Mais t'es ravagé?

Cette bande annonce, je l'ai entendue des tas de fois à la radio, et Rocky IV fut mon premier Rocky (oui, d'accord, ce n'est pas le meilleur de la saga, loin s'en faut). J'avais entendu parler de Rocky III par des potes à l'époque, mais je n'étais pas allé le voir au cinéma. Depuis, j'ai bien entendu rattrappé mon retard et la saga des Rocky est un incontournable pour moi. Après, Rocky a raccroché les gants, et le fils de Creed a repris le flambeau, très bien raconté dans le 1er opus de cette nouvelle saga.

Mais la suite allait me faire déchanter. Comment Sylvester Stallone a-t-il pu se planter à ce point? D'habitude, il réussit à me toucher, il y a toujours des scènes assez bien troussées pour te faire ressentir de l'empathie et des sentiments pour ses personnages. Mais là, rien. Et ce n'est pas l'arrivée d'un bébé (on le sent arriver), qui plus est affublé d'un handicap (on le voit arriver aussi gros comme une maison) qui va changer la donne.

Oui, ces petites parenthèses pour signifier que tout dans ce film est prévisible. Il n'y a aucun rebondissement, aucun élément qui viendrait te cueillir et te sortir de cette histoire ultra-balisée: sommet/chute/reconstruction/final. Ah, il y aurait pu y avoir d'autres fins alternatives qui auraient rendu le film plus riche.

Au cas où on n'aurait pas compris les fondements du scénario, les commentateurs sportifs nous font une explication de texte sur ce drame shakespearien. Merci. Yvan Drago, boxeur déchu depuis Rocky IV a tout mis entre les mains de son fils pour qu'il puisse décalquer le fils de Creed, afin de retrouver la dignité et la reconnaissance de son pays et de sa femme. Heureusement qu'Adonis a fait carrière dans la boxe. La première rencontre entre Yvan Drago et Rocky montre bien qu'il y a encore de la rancune entre les deux protagonistes. Et pour cause. Mais c'est la seule confrontation intéressante.

Mais au-delà de ça, il ne se passe pas grand chose. Rocky fait changer une ampoule et cherche à renouer sa relation avec son fils et la relation Adonis/Bianca n'est guère plus passionnante, avec des dialogues confondants, là où Grey's Anatomy ferait 100 fois mieux. De plus, même si Adonis souhaite le retour de Rocky pour l'entraîner, on sent bien que Sly se demande quand même pourquoi il est encore là. Serait-ce le film de trop?

La scène en Russie est catastrophique et l'apparition d'une certaine blonde ne va pas arranger les choses. Pourquoi la colère de Viktor ne va pas plus loin? Pourquoi continue-t-il à se battre pour son père alors qu'il dit lui-même que son pays et ces gens l'ont rejeté? Pourquoi tout cela finalement? C'est totalement vain. Le vilain russe ne semble pas si vilain que ça, mais on aurait aimé rajouté un peu plus d'humanité.

J'aurais aimé avoir plus de développement concernant le clan Drago, peut-être avec des flash-backs aussi, plutôt que d'avoir la vie sentimentale d'Adonis. Et Bianca n'est pas Adrian, jamais elle ne remet les points sur les i à Adonis. On ne sent pas l'esprit d'équipe que Rocky et Adrian formait (le "gagne!" d'Adrian dans Rocky II me file les poils rien que d'y penser).

La reconstruction d'Adonis nous réveille enfin, et cette fois on est dans le désert et non pas dans la neige pour dire qu'on ne fait pas pareil. Mouais. Classique introduction et passage obligé avant le final tant attendu qui malheureusement sera entaché d'une entrée en scène chantée, limite ridicule.

Malheureusement, le match de boxe final ne nous garde pas longtemps éveillé, et ce ne sont pas les ralentis mal placés qui changeront les choses. Où sont les impacts magistraux du premier volet? Où est ce rythme? La caméra peine à trouver sa voie. N'est pas Coogler qui veut. Et contre toute attente (ironique),

Schéma scénaristique éculé, traitement des personnages baclés, scènes de vie dignes des plus mauvaises sitcoms, il ne reste pas grand chose. J'aurais préféré un film sur Drago tiens.