Retour dans les cordes

Le retour de Rocky Balboa après son sixième film, annoncé à l'époque comme le dernier et ayant magnifiquement clôturé sa saga, a vraiment eu de quoi surprendre. Et pourtant Le long métrage Creed a su nous le faire voir sous un nouvel angle et nous rappeler tout l'amour que l'on peut porter à son personnage, tout autant qu'il a su en investir un tout nouveau : le fils du défunt boxeur et ami de Rocky. Le parallèle fait alors entre le combat d'une nouvelle génération dans sa carrière et celle d'une ancienne contre sa santé défaillante faisait admirablement sens et était propice aux plus belles émotions.

Après ce premier opus méritant, les pavés semblaient bien posés pour mettre en route une nouvelle saga, certes découlante de la célébrissime saga du vieux boxeur, mais néanmoins quelque chose de nouveau. Malheureusement ce deuxième opus peine à trouver son angle d'attaque et se retrouve bien vite dans les cordes; fonctionnant davantage en nostalgie du passé dont il mime toutes les mécaniques éculées plus qu'en innovant véritablement.

Le fils d'Ivan Drago contre celui d'Apllo Creed, combat qui évoque inévitablement celui où le père d'Adonis Creed a trouvé la mort sous les coups de poings du boxeur russe. Le postulat de départ a de quoi générer l'enjeu et le métrage sait malgré tout ne pas en faire des tonnes à ce sujet-là et tend davantage à humaniser chacun de ses protagonistes. On se surprend ainsi à éprouver de la compassion pour les Drago là où Drago père était dépeint presque comme une machine sans âme dans Rocky IV. C'est bienvenu et chaque personnage parvient chacun leur tour à susciter son émotion.
Mais c'est aussi peut-être un problème du film qui fait tant pour humaniser chacun de ses rôles, tant pour mettre les enjeux de filiation sur tous les tableaux, qu'il en oublie de se focaliser véritablement sur l'un d'entre eux et d'en faire émerger un enjeux principal.

Drago fils apparaît donc sur le terrain dans une mécanique quasi similaire à celle du personnage de Mr.T dans Rocky III, Creed fils accepte le combat malgré les réticences de tous autour de lui comme Rocky avant lui dans d'autres épisodes. Il perd, il s'entraîne, il gagne dans un schéma qui n'a rien à envier à chacun des films de la saga originale. Le tout ponctué de moments plus humains et rafraichissants mais aucun avec véritable force contrairement au premier opus de la saga Creed.

Creed II n'est pas un échec en soi mais n'a peut-être pas su trouver sa véritable force. Il suit une narration sans grande novation et abuse de mécaniques déjà éculées. Il semble se prendre les pieds dans un passé dont il ne parvient pas à se défaire véritablement.
Il n'en reste pas moins un véritable épisode de transition à priori où l'on voit l'ancien boxeur "passer le flambeau" au nouveau dans une scène très pudique mais efficace. Stallone annonce effectivement à qui veut l'entendre qu'il en a fini avec son personnage et veut laisser la place à M.B.Jordan pour créer sa propre saga, son propre mythe. Une perspective peut-être pas si inintéressante si elle permet aux prochains volet de la nouvelle saga de se dégager un peu de l'héritage de l'ancienne afin de fabriquer quelque chose de neuf. Mais ça, ce n'est pas un combat gagné d'avance.