Ce film de braquage commence fort, très fort. On a le droit à une très longue scène de fusillade nocturne entre braqueurs et policiers en plein Los Angeles. Une séquence qui tambourine nos tympans et rassasie les yeux des amateurs d’action avec un sens de la mise en scène et du découpage exemplaire. Mais ce sera certainement la meilleure de « Criminal Squad » car le reste devient plus consensuel et sent tout de même fortement le déjà-vu. Pourtant, Christian Gudegast essaye tant bien que mal de sortir son film des chemins balisés de la série B avec flics contre vilains. On voit là clairement l’influence de « Heat » dans cette confrontation entre deux clans, les bons et les méchants, bien que la frontière entre les deux devient de plus en plus ténue vu les méthodes employées par les premiers. Mais si la référence est prestigieuse, elle est loin d’être atteinte.
Le cinéaste essaye donc avec une volonté non feinte forçant le respect de faire accéder son polar à un niveau de prestige au-dessus de la moyenne. D’abord il tente de rendre les protagonistes de son film plus fouillés qu’à l’accoutumée. Des scènes intimes de la vie du personnage joué par Gérard Butler en premier lieu permettent de l’humaniser. Elles donnent une perception moins unilatérale d’un flic ripou qui semblait déjà vu mille fois et auquel il prête sa gueule de plus en plus burinée (et adaptée). Ensuite, le scénario est plutôt retors et réserve un rebondissement final plutôt bienvenu. Mais, en revanche, il présente le mode opératoire des braqueurs de manière tellement opaque que malgré quelques scènes très explicatives, on abandonne complètement d’essayer de le comprendre. Et cela nous fait quelque peu décrocher lorsqu’arrive le fameux casse (de la Réserve fédérale américaine tout de même) tant attendu. On en vient à se demander pourquoi la manière d’opérer est si complexe pour un résultat si peu spectaculaire.
Enfin, Gudegast étire son long-métrage, le film prend clairement son temps. Le temps de présenter ses personnages et les tenants et les aboutissants du braquage. Le temps de développer également des scènes de dialogues plus longues et réalistes que dans beaucoup de séries B. Le temps de s’attarder sur les deux grosses fusillades que comprend « Criminal Squad ». Mais au final, ce film dure près de deux heures et demie et c’est beaucoup trop surtout que ce n’est pas pour les bonnes raisons. En effet, il manque clairement de scènes d’action entre les deux citées précédemment, le personnage du méchant incarné avec brio par un Pablo Shreiber impeccablement sobre n’est pas assez développé et on a beau nous expliquer les détails du casse, on y comprend paradoxalement pas grand-chose. Au bout du compte, en dépit d’une longueur inhabituelle pour le genre, « Criminal Squad » développe certes des velléités de grand polar voulant marquer l’époque mais le résultat n’est pas à la hauteur, le film ne s’y prenant pas du tout de la bonne manière. Et, conséquemment, il reste dans le sérail d’un divertissement du samedi soir tout juste honnête et regardable avec ses qualités et ses nombreux défauts, loin du récent et magistral « Triple 9 » par exemple.
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