Ce nouveau prequel de la firme aux grandes oreilles porte son dévolu sur la vilaine excentrique des 101 Dalmatiens, la dénommée Cruella d'Enfer. Ici, il n'est pas encore question de chasse aux chiots mais plutôt d'un retour aux sources sur la malfaisance de ce personnage iconique. Un peu comme Maléfique a pu le faire, mais avec le fantastique en moins et le rock en plus ! Craig Gillespie, réalisateur du biopic déluré Moi, Tonya, dresse à nouveau le portrait d'une anti-héroïne, avec un sens de l'humour subtil et décalé et une esthétique punk et transgressive. Le scénario, allant à l'encontre de toutes attentes, stimule notre curiosité et notre empathie en racontant l'histoire d'une orpheline pas comme les autres qui, par ses coups de crayon et ses créations avant-gardistes, va gravir les échelons de la réussite dans le monde épineux de la mode. On assiste à une véritable éclosion, à une (r)évolution qui fait émerger la soif d'indépendance et le désir de vengeance chez un personnage au départ réservé et victime. Emma Stone, succédant brillamment à Glenn Close, y apporte beaucoup de nuances et s'éclate à explorer les excès et les failles de cette méchante à la coiffure emblématique. La quête de fourrure est ici obsolète et laisse place à des ambitions bien plus complexes. Sa folie naissante est très convaincante et nous fait oublier les quelques incohérences et autres facilités manichéennes du récit. Sa confrontation avec la Baronne, campée par la superbe Emma Thompson, est tout simplement délectable de cruauté. Cette dernière minaude à la perfection et son arrogance à couper au couteau n'est pas sans rappeler la tyrannique directrice de rédaction du Diable s'habille en Prada. D'ailleurs, les costumes et autres happening couturiers sont exceptionnels et font indéniablement partis des points forts du métrage ! On retrouve également le binôme de malchanceux Horace et Jasper, Anita Darling ou encore quelques dalmatiens, en référence au classique Disney. Mais, s'il y a bien une chose qui m'a gêné, c'est la playlist punk-rock qui occulte tous les passages sans dialogues. Même si elle nous emporte dans sa dynamique électrique, elle fait parfois office de remplissage et c'est au bout d'un moment lourd et redondant. Cela étant dit, Cruella est une bonne surprise, bien loin du désastre que j'ai pu imaginer lorsque j'avais découvert la bande-annonce (une sorte de Joker bis à la sauce Disney...). Réjouissant, non sans émotions, ce prequel étonnera les fans et séduira les plus sceptiques...