Cyprien
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Cyprien

Film de David Charhon (2009)

Bonjour, je recherche...des arguments... à forte poitrine.

Je tiens à dire que si j'ai mis une bonne note à ce film, ce n'est pas par anticonformisme, une attitude qui me prend souvent et m'oblige à donner des mauvaises (ou des bonnes) notes là où il ne faut pas. Bien sûr, ne rangeons pas ce trait de caractère dans la catégorie "défaut de l'humanité" comme son confrère le conformisme, car rappelons le, une critique objective n'existe pas mais si on peut s'en rapprocher, ce serait pas mal.


Commençons alors tout de suite par mettre les points sur les I, j'ai regardé les critiques qui étaient faites sur ce film, en même temps je fus sidéré de voir que la moyenne s'élevait seulement à 3, j'ai alors voulu comprendre pourquoi ? Bien sûr, je vais essayer de comprendre leur point de vue tout en le soumettant au mien, je ne vais pas faire comme Mikael J et dénigrer tout son public en leur exhortant de la fermer.


L'argument majeur de la critique négative se résumait à ça "Le film parle des geeks mais il les représente de manière tellement négative."
Alors déjà, je n'ai pas compris pourquoi on dit que le film parle des geeks, alors que ce n'est pas l'élément principal du film. Il y a toute une histoire qui se déroule derrière, celle de Cyprien, qui essaie de vivre une autre vie, vie qui est complètement différente de celle qu'il vit avec ses potes. Je suis sûr que si on compare le nombre de scènes et leur durée qui concerne la vie du geek et celle du beau gosse, on en reviendrait à un nombre inégal. Je le ferai peut être, en tout cas de mon point de vue, je l'ai aperçu comme ça.


Si l'avis populaire (pas au sens péjoratif du terme) dit ça, il y a une raison, le film veut s'axer dessus avec déjà l'affiche du film (et mais qu'est ce qu'il fout debout le mec en chaise roulante ?), les bandes annonces, et le simple fait qu'elle s'adresse particulièrement à la culture geek (je reviendrai sur ça plus tard).
Pour ce qui est de la deuxième partie de l'argument, "mais il les représente de manière négative", il faut relativiser tout ça.


Et là on est une fois de plus partis à la guerre contre les clichés, une croisade absurde qui revient à dénigrer tout le film, et même c'est stupide de dire croisade, puisqu'elles au moins, ce sont terminées il y a bien des siècles de cela. La guerre contre les clichés, elle, ne se finira jamais, combien de fois il m'ait été donné de voir, dans une critique, un argument sur les clichés, et combien de fois, elle a suspendu le critiqueur dans le vide intersidéral car il était en pénurie d'arguments.


Alors bien sûr, je comprends qu'on puisse détester les clichés, combien de fois ont ils pourris un film quand le héros qui était détesté par l'héroïne se retrouve forcément dans son lit lors d'un happy end qui nous décrocherait pas un sourire. Combien de fois, le gangster s'est il retrouvé à mourir à la fin ? Combien de fois, le cow boy arrive toujours à se venger d'une sempiternelle vendetta sur sa famille de trois générations ?


Evidemment, je pourrais continuer encore et encore, cela ne finirait jamais, mais vous voyez ce que je veux dire, les clichés sont partout et dans tous les genres. Si on arrive à accepter les clichés dans tous les autres films, dans ceux dont la notoriété n'est plus à renouveler (Amélie Poulain te voilà), pourquoi n'arriverait on pas à se dire que voir des geeks à lunettes, jouer toute la journée n'est pas si mal au fond ? Et en plus comme je l'ai dit précédemment, les geeks ne sont pas la partie la plus prégnante du scénario.


"Négative" ? Le support qui a porté ce scénario s'appelle un film, une oeuvre fictionnelle ancrée dans notre réalité, et si elle est née de la fiction et d'une part de la réalité, elle n'est pas représentative à 100% de la-dite réalité. Donc pourquoi s'acharner sur une pseudo vision de la vie ? Le film permet d'outrepasser la réalité en réalisant ce qui n'est pas vrai et ce qui ne peut être possible. Désolé de vous le dire mais ce film appartient au genre du fantastique, il n'existe pas de déodorant qui peuvent vous rendre beaux, si c'était si facile...(soupir).


Résultat, le geek dépeint dans ce film, n'est autre qu'une représentation qu'on a dans nos esprits, involontairement qu'on le veuille où non, c'est comme quand on s'imagine des nobles, on les voit forcément en train de snober tout le monde sous fond de musique classique.


Et là une fois de plus, on ne peut rien y faire, on ne va pas s'attaquer aux étiquettes de la société, tout est sujet au regard de l'autre, si on me voit déambuler avec une chemise hawaïenne dans la rue, on me traitera de plouc, et je ne leur en voudrai pas. Dans notre tête, on crée des étiquettes sur les gens, on les range dans des groupes, comme par exemple à l'école, les pouilleux, les sportifs, les gens populaires, les attardés, les loubards, comme dans la cour de récré de Bully ! Est ce préjudiciable ? Non, c'est histoire de ranger le monde qui s'offre à nous, délimiter les barrières sociales afin de dire qui m'est supérieur de droit et qui m'est inférieur.


Bon trêve de sociologie de bas-étage, en tout cas, relativisons la chose, pourquoi utilise t'on des clichés dans les films ?
Pour symboliser quelque chose simplement avec le regard. Pour faire comprendre au public très rapidement où se passe la scène (Tour Eiffel, ou insérer autre monument historique symbolisant un pays.) Pour instituer rapidement ce que doit ressentir le spectateur (disque vinyle qui déraille). Et enfin pour instituer une morale et rester en accord avec les mœurs (méchant toujours puni.)
Les clichés sont peut être agaçants à force de les voir, mais c'est des éléments très pratiques qui permettent de faire passer des messages très rapidement, après il faut juste savoir trier les bons des mauvais.


Dans le cas de Cyprien, le cliché du geek est recyclé afin de faire comprendre : Un que Cyprien n'est forcément pas populaire, deux qu'il vit dans son monde, et trois qu'il espère dépasser son étiquette. Vous avez donc le scénario du film.
Alors pourquoi simplifier le scénario et le faire ingérer aussi rapidement ? Parce que c'est un film qui s'adresse à tout le monde, petits et grands, et que le but premier d'un film c'est de raconter une histoire, si tu commences pas par un début tout en douceur et qui annonce la situation initiale, tu es vite ennuyé parce qu'il se passe rien. Et là ce que je ne comprends pas, c'est que les détracteurs de ce film s'adresse en tant que porte parole de la communauté geek, me donnant l'impression qu'ils essaient de défendre des opprimés, alors je dois exagérer, chose qui m'arrive souvent.


En tout cas, il faut savoir couper la poire en deux, les geeks, ne sont pas un groupe social intouchable, je veux dire, on a le droit d'ouvrir notre gueule sur tous les sujets de la société, pourquoi ne pourrait on pas critiquer les geeks ? Alors vous pouvez me dire, la critique ne vole pas très haute dans le film (en plus ce n'est pas l'élément principal), je comprendrais, certaines scènes qui montrent leur manque sexuel (pas nombreuses je vous rassure) ne sont pas vraiment drôles.
Par contre, d'autres éléments critiquent bien la passion geek, le personnage de Kiki qui ne cherche pas de boulot, croyant que seulement sa passion va l'aider à vivre, ou bien la scène où il y a un concours de dédicaces sur un soldat stormtrooper complètement méconnu, les geeks savent qu'ils parlent à une fille néanmoins, il la dénigre parce qu'elle ne sait pas qui a joué le stormtrooper numéro 234. Les passions peuvent être dévorantes, ne l'oubliez pas, que ce soit en politique avec les pseudo féministes, les anti-racistes, les marxistes, les fascistes, ou bien les fans de culture comme les kikoojaps, les gros fans de Star Wars comme de Star Trek (les trekkies mais ils sont plus aux Etats-Unis), les gros fans de Seigneur des anneaux, etc...En plus si vous avez vu la tronche du club de Tolkien, vous savez que la réalité nous rappelle parfois que la fiction a des traces de vérités. A chaque fois, il y a des élites dans la culture qui ne peuvent s'empêcher de promouvoir à fond "leurs" cultures, c'est paradoxal puisque le combat de la culture populaire c'est de se démarquer de la culture élitiste en en devenant une. Cela me fait penser à toute la bande de Vox Makers qui n'arrête pas de nous faire de la pub sur la culture japonaise en disant qu'elle est dix fois mieux que celle d'Holywood car ce dernier la snobe dans les oscars. Ces derniers snobent pourtant les films d'animation "populaires"de Dreamworks avec Jimmy Neutron et Shrek pour la remplacer par quelque chose de plus charlie, le vent se lève, les contes de la princesse Kaguya, que des trucs tire-larmes. (Peut être que j'en parlerais plus en avant dans une critique spéciale Vox Makers...)


Pourtant, voilà, la chose est là, les clichés sont logiques dans ce film, vous aurez réagi comment si les geeks étaient beaux gosses ? Qu'ils ont toutes les filles qu'ils peuvent avoir ? Et qu'ils étaient intégrés dans la vie active ? Idiot non ? En plus, je ne trouve pas que les geeks dans le film, sont hyper mal représentés, quand on pense à geek, on ajoute forcément le mot puceau juste après, le personnage de Cyprien et de ses confrères reste assez innocent, n’exagérant à aucun moment que ces derniers vivent de mouchoirs et qu'en plus de cela, ce serait leur principal but dans la vie. Cyprien est par exemple fou amoureux de Gina McQueen mais pas au point d'aller se masturber sur elle, ce qui le rend attachant. En plus ce sont des passionnés, vu leur succès sur Pacman, Street fighter et Matrix, est ce que c'est mal d'avoir des passions ? Bon après il faut savoir tempérer ses passions et se dire que le monde ne les partage pas
Ah... Les kikoojaps....les fucking kikoojaps !!!
Désolé... Je me suis égaré.


Je sais que je fais mon moralisateur, néanmoins, je l'avoue que les clichés geeks sont un peu trop envahissants par moments (question de Cyprien à la fille), et qu'ils sont un peu exagérés, on a vraiment l'impression que faute d'avoir des physiques de geek, il faut en plus leur faire dire n'importe quoi. Bon après, je trouve que les mots en langage soutenu qu'utilisent Cyprien participent vraiment au personnage et renforcent son côté humoristique.


Bon on en a fini de l'argument négatif qui tire à tel point sur l'ambulance qu'elle s'est vautrée dans un fossé, vous voyez j'ai passé la moitié de ma critique à déblatérer dessus, la preuve que leur argument les aura aveuglés d'une bonne partie du film.


Commençons par un des premiers éléments de ce film, la musique, franchement, c'est rare d'avoir de la bonne musique dans un film français, mais celle là est juste parfaite. Elle instaure un certain climat enfantin, et donc innocent du personnage de Cyprien, de plus, elle ne s'ancre pas dans une période en particulier, elle participe ainsi à l'ambiance du film, celle d'un Paris un peu désaxé, comme on peut le voir avec les nombreuses affiches de film des années 80, les vêtements un peu style année 70, et ses références à la culture populaire qui pioche un peu dans toutes les époques.
Alors je l'avoue, mais quand une musique me plait dans un film, la note que je vais lui attribuer se voit pousser des ailes, comme Brazil au sens figuré comme au sens littéral. D'où le 6. En plus, la musique Rainbow Mind, que je trouve sublime, subit des mutations selon le moment, (Rain, ou tango) une chose que j'apprécie beaucoup dans les BO.


Après voyons les éléments de la réalisation, le montage est bien arrangé, en tout cas pour ce qui est du début qui commence sur les chapeaux de roue, en fait le rythme est séduisant, nous emportant rapidement d'un élément à un autre, l'ennui ne se fait pas sentir. Pour ce qui est des transitions, il y a une vielle habitude qu'a pris le réalisateur de passer derrière les murs pour amorcer une nouvelle scène, faut se dire que ça reste assez efficace, et que ça donne un côté dynamique. J'ai aussi apprécié certaines scènes que je trouve très sympathiques à regarder, déjà la scène où Cyprien s'envole dans la rue, le moment pacman et d'autres mais je ne m'en rappelle plus.


Par contre, c'est vrai qu'il y a des problèmes au niveau du scénario, le fil conducteur est visible au début avec la conquête de Gina Mcqueen, mais après ça, on se perd, dans une sorte de bouillie sans nom. Que recherche le héros ? Le film se finit alors avec une facilité scénaristique déconcertante, Cyprien s'ennuie dans sa nouvelle vie. Oh c'est-y pas original ! Il veut se rabibocher avec ses joyeux lurons. Et une fois de plus, on retrouve le cliché ad vitam aeternam, je t'aime ton toi moche, ton toi intérieur, pas ton toi beau et faux. La morale tellement appuyée qu'elle transperce les yeux, et fais chuter la note aussi vite que le bitcoin.


Les personnages deviennent alors un peu bizarres, même si j'ai dit qu'ils sont à peu près bien faits, la fin les a achevés. Cyprien, avant d'avouer sa démission, dit à Catherine Deneuve de s'occuper de son fils, il en a besoin, alors que petit problème, c'est lui qui l'a précipité là où il est. Stanislas récupère son job, mais tout de même va essayer de tuer Cyprien à la fin. Pourquoi ? Catherine accepte de renvoyer Cyprien hyper facilement, comme si leur renommée ne tenait pas à lui. Et finalement, il y a aussi la fille qui travaille avec Cyprien, on ne sait pas vraiment aussi, si Cyprien veut sortir avec elle, un peu confus, et en plus, cette dernière le rejette jusqu'à ce qu'elle découvre une vidéo trop marrante ! Elle a pitié de lui et l'embrasse, c'est le plus mauvais moyen de commencer une relation car on aime quelqu'un ou non, on n'a pas juste pitié de lui autrement cela ne va pas durer.


En plus de ça, l'histoire aurait pu être plus travaillé avec la trace d'une histoire derrière avec les geeks, et donc de les mettre plus en avant, eux et leurs concurrents de toujours, les japonais, qu'on voit à peine trois fois. Il y a aussi le personnage de la modèle, femme de Stanislas, qui apparaît une fois seulement, juste pour le traiter de petite merde (avec un très mauvais jeu d'acteur soit dit en passant).


Enfin, dernière chose, ce film n'est pas un film pour geek, il existe bien d'autres références qui ont pour support la culture populaire, Matrix, Indiana Jones (elle était cool celle là), Star Wars, croire qu'elle n'appartient qu'aux geeks reste assez restrictif (même si c'est vrai qu'elle s'accorde avec). Et surtout dans certaines critiques, on mettait sur le tapis le fait qu'il balançait des références de bas étage, en même temps, vous en voulez des difficiles à comprendre ?
Ah bah oui, j'oubliais que pour être critique cinéphile il fallait avoir des références de qualité, en tout cas celles que SC communique.
Euh désolé je n'arrête pas de m'égarer, un peu comme sur les routes solitaires qui nous emmènent chaque jour vers l'inconnu et vers notre destin.


Finalement, je trouve ce film assez bon (pas incroyable), même si l'humour est des fois hors de portée, le nommer aux Gerard Award, ou le nommer comme plus grosse daube française sur SC, ne signifie tout de même rien, surtout si leur critère est : Si tout le monde n'a pas aimé alors il mérite son prix (transposer cette attitude à toutes les cérémonies de récompenses.)
Après, il faut savoir que si vous ne partagez pas mon avis, c'est pas parce que votre esprit est pourri, et que vous avez suivi LE sens critique et l'opinion publique, j'admets que le sens critique peut différer et poser des films emblématiques (de manière négative ou positive) rien qu'avec la moyenne. Cela me dégoûte tout de même de voir qu'un film comme "Les beaux gosses", catastrophiques au possible, et hyper cliché ait une meilleure moyenne que celui là, alors qu'il ne fait que montrer que des jeunes se masturber tout du long. Le grand art fait peut être omission de la qualité du film, pour s'attacher plus particulièrement aux origines du réalisateur.
Je suis sûr que si on pose la question aux jurys des Césars pourquoi ils en ont donné pour ce film, tous vont être comme ça :



Je recherche...des arguments... à forte poitrine...


Diegressif
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le 9 mai 2018

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