Un joli film mais ce n'est pas non plus un chef d’œuvre. C'est un très bon drama qui évite les écueils du pathos à outrance (très bon point) mais qu'au prix d'un traitement trop superficiel de son personnage principal.
Oui McConaughey nous offre une transformation physique impressionnante mais psychologiquement quel a été son travail et celui du réalisateur ? Car c'est bien là que le bas blesse. Si on a finalement la figure du Texan, middle class, macho, homophobe qui aime la dope et les prostituées puis celle d'un opportuniste égoïste qui profite de la maladie des autres pour faire du fric (et qui à ce moment là ne vaut pas beaucoup mieux que les labos et la FDA qu'il combat) pour finir par celle du héro au grand cœur, on n'a finalement pas accès aux ressorts psychologiques du personnage. Il joue 3 rôles distincts (très bien à chaque fois), 3 caricatures sans que nous soit transmis ce qui fait l'unité de son personnage. On ne voit pas trois facettes d'une même personne, on voit trois personnages. Est-ce de la faute de McConaughey, de celle du montage ou de celle du scénario ? Je ne sais pas. Mais il y a un vrai manque de profondeur et de subtilité.
A l'opposé, on a un Jared Leto qui incarne complètement Rayon. Rayon est un personnage peut être plus unidimensionnel, qui n'évolue pas ou très peu au cours du film mais qui permet à Jared Leto d'offrir véritablement plus qu'une transformation physique. On oublie complètement l'acteur pour ne plus voir que ce travesti touchant d'humanité aussi drôle lorsqu'il provoque Ron Woodroof qu'émouvant face à son père ou quand la mort le rattrape et parfois troublant de féminité. Jared Leto ne nous offre pas une simple performance, il n'interprète pas, il est. Il prouve une fois de plus, si certains en doutait encore après Requiem for a Dream, Fight Club, Mr Nobody, Lord of War, etc., qu'il est à l'heure actuelle l'un des plus grands acteurs toutes générations confondues.
Côté réalisation et mise en scène, Jean-Marc Vallée nous offre un travail propre et même parfois inspiré. Arrivant à retranscrire ce sentiment d'être toujours proche de la fin comme le sont nos héros mais sans jamais aboutir à cette dite fin, renforçant le côté quasi-miraculeux de leur survie. La dernière image va dans ce sens. Au lieu de la fin qu'on attend presque, vu le synopsis, de notre héro mourant dans un lit d’hôpital on a au contraire une fin où l'on voit, à travers les planches entourant l'arène, notre héros plein d'un souffle de vie inattendu monter un taureau avant le fondu au noir final. Cette dernière image aurait été encore plus fort sans les incrustes quasi obligatoires dans ces films "tirés d'une histoire vrai" pour nous apprendre ce que sont devenus nos héros.
ghyom
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs biopics et Les meilleurs films de 2014

Créée

le 1 avr. 2014

Critique lue 227 fois

1 j'aime

ghyom

Écrit par

Critique lue 227 fois

1

D'autres avis sur Dallas Buyers Club

Dallas Buyers Club
guyness
7

Dallas, ton buyers univers club impitoyâââ âable

Inutile de revenir sur des choses évidentes, comme le parcours atypiquement prodigieux de Matthew McConaughey et le fait que le bonhomme soit devenu suffisamment intriguant pour que désormais on...

le 3 févr. 2014

109 j'aime

16

Dallas Buyers Club
Gothic
9

Bulls on Parade

[PAS DE GACHAGE/SPOILER FREE] Signé Jean-Marc Vallée et ne versant jamais dans le pathos, "Dallas Buyers Club" nous raconte l'histoire du texan Ron Woodroof, redneck grande gueule (pléonasme ?)...

le 1 févr. 2014

104 j'aime

33

Dallas Buyers Club
Sergent_Pepper
5

"C’était vraiment très intéressant."

Depuis que je fréquente des cinéphiles et que je me penche sérieusement sur la question, je prends progressivement la mesure de ce qui fait la spécificité d’une œuvre cinématographique. C’est un...

le 20 févr. 2014

103 j'aime

19

Du même critique

Citizenfour
ghyom
8

A travers le PRISM de Laura Poitras.

« Citizenfour » ne cherche pas à expliquer le fonctionnement de l’espionnage systématique massif mis en place par la NSA et le gouvernement américain. Il ne cherche pas non plus à condamner et à...

le 25 févr. 2015

56 j'aime

7

Mad Max - Fury Road
ghyom
9

Histoire d'un aller et retour

La première chose qui frappe dans ce film c'est la photographie. C'est tout simplement somptueux. Bien aidé il est vrai par les paysages, il faut tout de même noter le travail fantastique de John...

le 17 mai 2015

38 j'aime

5

Midnight Special
ghyom
8

Ô Mage de l'imaginaire

Il y a les hommages ratés qui oublient ce qui faisait la spécificité de sa/ses sources d'inspirations. Comme "Jurassic World" qui a oublié ou n'a pas su recréer l'émerveillement de "Jurassic Park"...

le 29 mars 2016

35 j'aime

12