Et bin dis donc, je m'attendais à un truc nul, force est de constater qu'Hooper ne m'a pas déçu.
Il faut déjà s'imaginer toute la misère artistique de son acteur, s'imaginer lui et son agent en train de trier les scénarios : " Eh Eddie, il y a un scénario sur Stephen Hawking, tu sais le scientifique handicapé, ça peut être pas mal pour toi non ? " " Eddie, Hooper veut faire un film sur un transexuel, tu sais, t'as déjà travaillé avec lui pour les Misérables, chef d'oeuvre à n'en pas douter, c'est l'occasion pour toi d'avoir un deuxième statuette ! ".
Mais quel est son but dans la vie ? Imiter des gens ? Etre dans le spectaculaire, dans le faux toute sa vie ? Parce que ça, c'est pas du cinéma, c'est du théâtre car au théâtre, tout le monde sait que ce qu'on a devant nous est faux puisqu'on est directement face aux acteurs.
Je veux dire, Robert Bresson disait bien qu'il n'y avait pas d’intérêt pour un acteur de cinéma de le faire jouer Napoléon puisque le propre de Napoléon n'était pas de jouer. Et là, on voit un mec devant la caméra qui en fait des tonnes mais des tonnes pour rentrer dans son personnage... C'est bon, arrête tu te fais du mal, tu es ridicule. C'est pire que dans Une brève histoire de temps ( ou je sais plus quoi) parce qu'Une brève histoire de temps, c'était limite hilarant , là , c'est chiant.
La réalisation est du niveau d'un téléfilm de luxe, bien prout-prout dans sa manière de faire " regardez moi ces beaux décors, ces beaux costumes, ces beaux paysages, cette belle musique, ça mérite un Oscar ça non ? Au moins un ! "
J'avais l'impression de me retrouver dans une pub Longchamp ou je ne sais quoi par moment, tellement ça se veut maniéré...
Et les personnages ne sont pas intéressants ( ou en tout cas, mal abordés), je ne vois pas comment on peut s'attacher à ce couple, dont le mari et la femme sont juste deux êtres égoïstes (enfin surtout "Lili" ) et irresponsables...
Quant au message du film... La manière dont Hooper inverse les rôles est insidieuse, on a cet individu qui est montré comme "sain" qui veut juste être lui-même et les psychiatres prêts à le torturer et à brandir la camisole au moindre signe de déviance mentale.
Mais il ne faut pas se tromper, son cas est quand même problématique. Parce qu’on peut être une femme à l'intérieur mais néanmoins s'assumer, assumer ce qu'on est : une femme dans un corps d'homme. Changer de prénom, puis de corps, vouloir renier ce qu'on est au point de changer de sexe, être prête à en mourir même, désolé mais c'est pas le signe d'un être courageux qui veut enfin devenir ce qu'il est ou autres conneries...Dans n'importe quel autre cas, un gars qui se déguise en quelqu'un d'autre tout en disant je suis cet autre, on aurait diagnostiqué un trouble dissociatif de l'identité sauf que là, non ! Surtout pas ! Les transsexuels sont de pauvres petites êtres qui ont été opprimés tout comme le gay, pas question de dire que les transsexuels ont des troubles ! Il faut dire que ce sont des personnes qui assument enfin leur identité avec courage etc...
On place ainsi au rang de héros, de martyr, un mec qui décide foutre en l'air son couple pour assouvir un désir, une pulsion, par pur égoïsme, on en est donc là : Sanctifié l'adulte immature, irresponsable et égoïste ...
Bon maintenant, je crois que les Oscars ont fait le tour des minorités, ils ont défendu tous les opprimés, c'est bien, leur conscience peut être tranquille.