Cette année 2018 a quelque chose d'assez réjouissante pour le cinéma de genre français. Si "Grave" n'a pas remporté de césar pourtant amplement mérité, le fait de voir cette petite constellation de films à la sauce horreur ("La Nuit a dévoré le Monde"), survival ("Revenge") ou trip fantastico-pop ("Les Garçon Sauvages") débarquer sur les écrans fait beaucoup de bien dans une production constitué essentiellement de drame ou de comédie.
"Dans la Brume" poursuit le mouvement en chassant cette fois sur les terres du film catastrophe surnaturel tout en se payant le luxe de nous offrir deux têtes d'affiche aux reins solides en la personne de Romain Duris et de l'ex-James Bond girl, Olga Kurylenko. Tourné par le québecquois Daniel Roby, "Dans la Brume" est l'archétype du film au postulat de départ excitant qui a la bonne idée d'exploiter à fond son idée de base sans tourner autour du pot. Mais pour cela, il faut du talent derrière la caméra et ça tombe bien parce que Daniel Roby en a.
L'introduction, rapide, va a l'essentielle tout en réussissant à contextualiser de la meilleure des manières l'histoire de cette petite famille touchée par un terrible drame. La brume, quand à elle, ne met pas longtemps à envahir les rues de Paris durant un plan digne des grosses productions hollywoodiennes. Le parallèle s'arrête pourtant là, le film n'a ni les moyens, ni l'envie de faire du Roland Emmerich ou du Michael Bay. Roby préfère livrer un film à taille humaine où chaque élément du décor est susceptible de représenter un danger (le manque d'électricité, un chien, un incendie, un scooter...) et où Duris se meut comme un poisson dans l'eau en père courage. On notera aussi la performance touchante du doyen Michel Robin qui apporte une nuance bienveillante et humaine.
Autre point positif, le visuel du film. Les plans de Paris enfumés sont de toute beauté et le mystère planant autour des raisons de cette catastrophe (fable écolo? intervention divine?) renforce le côté immersif de ce film sobre mais terriblement haletant.
Quelques moments de sentimentalisme forcés viennent un peu plomber le rythme mais dans l'ensemble, on se trouve face à une idée très originale et soignée aux petits oignons par un cinéaste prenant visiblement beaucoup de plaisir à exploiter un postulat de départ qui, encore une fois, vient réveiller un cinéma qui ne sort que trop rarement des sentiers battus.