Au coeur du Bayou

Il est certain que la mise en scène de Tavernier est un brin classique au regard de ce à quoi nous ont habitué certains maîtres du thriller ces dernières années, les Fincher, les Villeneuve, les Singer ou encore les Bong joon-Ho et autres Park Chan Wook. Et de fait, le réalisateur de Quay d'Orsay ou Capitaine Conan ne semblait pas, à première vue, le plus qualifié qui soit pour adapter le roman de James Lee Burke dont l'action se situe au fin fond de la Louisiane sur fond de crime raciste. Et pourtant, le film est une réussite.
D'abord grâce au rendu de l'atmosphère si particulière du Bayou : la musique cajun (excellente bande originale), les trognes des vieux habitants, leur méfiance, l'air saturé d'humidité et une palette de couleur monochrome : le vert des plantes, celle des marais et celle tirant sur le gris des tuniques confédérées.
Ensuite pour l'interprétation très efficace de Tommy Lee Jones en vieux flic qui en a vu d'autres face à un John Goodman impressionnant de puissance et de haine.
Enfin, pour ce scénario qui s'affranchit d'une difficulté pas si évidente à maitriser, réussir à convoquer les fantômes du passé - la compagnie du Général John Bell Hood - sans que ces ellipses temporelles ne cassent le rythme du film. Elles lui apportent même cette petite touche fantastique qui colle si bien à l'atmosphère des lieux.
Cinq ans avant True Detective ou La Isla Minima, qui verront aussi des inspecteurs enquêter sur des cold case au fin fond de la province, notre Tavernier à nous avait déjà trouvé la recette de ce genre de thriller et au vu du résultat il n'a pas à rougir de la comparaison.

Scénario/histoire : 9/10
Interprétation/Personnages : 9/10
Réalisation/mise en scène : 8/10

9/10