Imaginez les muppets du Muppet Show plongeant dans le monde à la fois sombre et féérique de l’histoire sans fin voir Conan le barbare ? Si vous adorez le travail de Jim Henson et Frank Oz, l’heroic fantasy, les monstres drôles, terrifiants, originaux et mignons, sautez sans hésiter dans le monde de Dark Crystal. Sorti en 1983, ce film est différent de tout ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Un monde tout neuf a été créé…
Préparez-vous à vivre une expérience cinématographique inédite
Découverte. Et quelle découverte ! Longtemps que je voulais voir ce film, terriblement curieux à l’idée de voir à quoi il ressemblait, trépignant d’impatience en entendant les échos de nombreux fans. La nature aura beaucoup inspirée nos réalisateurs. Cinq ans de travail pour cette œuvre fait avec amour. Comment je pourrais dire que je n’ai pas aimé un film pareil ? A l’écran, hormis le paysage, rien n’est vrai, tout a été créé et pourtant, tout parait tellement réel. Entre malaise et fascination pour tant de détails, Dark Crystal force l'admiration. Datant du début des années 80, bien avant l’utilisation de l’animation en numérique, Jim Henson, aidé de Frank Oz, créait des personnages uniquement en marionnettes et animatronique.
Pas d’êtres humains, pas d’acteurs, exceptés dans quelques plans larges (qui ne se remarquent même pas), Dark Crystal c’est du 100% créations à la main avec bien entendu, pour quelques effets spéciaux utilisés pour illustrer la magie, l’orage, les nuages s’assombrissant. Si vous aimez le bestiaire de Star Wars et son univers si riche, Dark Crystal réveillera vos sens. On est loin de la même dynamique que cette saga. Après tout, nous sommes face à un film où évoluent des marionnettes dans un monde à l’atmosphère riche et organique.
Ce film est l'exemple parfait de ce qu'a toujours représenté pour moi le cinéma: l'imaginaire. L'univers de Dark Crystal va vous en mettre plein la vue, vous donner la sensation d’évoluer dans un autre monde, et ce, même s'il est vrai, que coté rythme, ça reste très mou, que ce soit niveau mouvements des personnages ou dialogues. Toutefois, il se passera toujours quelque chose.
Découverte d’un nouveau lieu, présentation d’un nouveau personnage, apparition furtive d’une petite créature mignonne ou terrifiante. Conçut plutôt pour les adultes que pour les enfants (à moins de les traumatiser en leur faisant voir les méchants de notre histoire), Dark Crystal, sous ses airs de film au scénario simpliste et son esthétisme donnant une impression d’ancienneté, s’avère finalement bien plus complexe et bien pensé qu’il n’y parait. Et oui, ce n’est pas parce qu’un film intègre des marionnettes dans son histoire que c’est une sorte de pseudo Muppet Show destiné aux chers bambins. Demandez ça au film « Les Fibbles », ce film de marionnettes hyper trash signé Peter Jackson ?
L'histoire est plus profonde que tu ne penses, et tu en fais partie.
Mou mais prenant
Dark Crystal peut compter sur son bestiaire si riche pour attirer les faveurs de certains cinéphiles amateurs de créatures loufoques. De la fantaisie en veux-tu en voila, du fun, Dark Crystal, m'a eu, m’a ramené à mon enfance, époque où j’adorais les personnages des rue sésame, muppet show, badaboks, tortues ninja le film de 90, ect. Les personnages de ce film ont gagné mon cœur :
• Fizzgig le chien hilarant et bruyant de la jolie et gracieuse Kira. Un chien possédant plus de dents que la normale. Attendez un peu de le voir montrer les crocs.
• Les Mystics, l’air fatigué, la voix de ténors quand ils prient en chœur, leur longue chevelure blanche et soyeuse, leur tête de tortues fripées et tatouées, faisant un pas à la minute avec leur canne (ah ça galère bien pour aller jusqu’au château). Au nombre de 10, ses êtres spirituels, liés à la terre et semblant faits de terre, ont leur propre caractéristique. Le scribe, le scientifique, l’historien, le cuisinier, le chanteur, le numérologiste, l'alchimiste, le tisserant, le maitre, et bien entendu, le guérisseur.
• Les Skekses , mi-dinosaures, mi-oiseaux, ressemblant à des vautours décharnés à la voix criarde, portant des bijoux, des tenues de la haute aristocratie alors qu’ils mangent comme des cochons et sont ignobles entre eux. Chacun a sa personnalité, chacun occupe une fonction.
• Aughra, sorcière aux longs cheveux blancs ébouriffés, aux longs sourcils pas épilés, à la jolie moustache chinoise, au gros popotin, à la grosse poitrine tombant, vêtue d’une robe rouge de bohème, pourvue d’une voix aigue de grand-mère malade (la doubleuse française de Fin Raziel dans Willow), et ayant un œil qu'elle enlève quand elle le souhaite. Un petit coté Yoda pour la sagesse, gestuelle et manière de parler, bien qu’on ne sache pas de quel coté elle est.
• Les Garthims, créatures mi-scarabée noir, mi-un crabe, des bêbêtes agressives aux ordres des Skekses.
• Les Podlings, inoffensifs, sympathiques, festifs. Imaginez les sept nains de blanche neige fusionnant avec des tortues, et ça donnera les Podlings.
Absence de chansons et de parodie, Dark Crystal, bien que se permettant de placer quand il faut un peu d'humour grâce à son bestiaire (on reconnait la patte Jim Henson), c'est du sérieux, un enjeu de taille où le bien, affrontant le mal, s'apercevra finalement qu'il ne forme qu'un avec ce dernier. Pur spectacle original, notre œuvre nous plonge en plein cœur d'une aventure, un voyage initiatique où nous suivrons Jen, dernier de son espèce, confronté pour la première fois à la réalité de la vie et devant se débrouiller seul.
Avoir des connaissances grâce à son maitre, c’est bien, mettre tout ça en pratique, c’est autre chose. Passage d'épreuves, confrontation avec le mal, pertes, notre héros, tout comme le spectateur, fera face à diverses dangers tout en découvrant pour la première fois l'amour (on est dans de l’heroic fantasy après tout), l’horreur de l’esclavage et ce que représente la notion de destinée. Par ailleurs, on critiquera les personnes vivant dans le luxe et s’en prenant aux plus faibles. L'idée que tout se rassemble pour ne faire qu’un (thématique de cette œuvre), que nous sommes tous composés de différentes choses, le bien et le mal en chacun de nous, se trouve dans tout notre film. Rien que ça, est une raison de le voir.
Tu as l’air d’un Gelfling, tu as l’odeur d’un Gelfling. Peut être
es-tu un Gelfling.
Au final, on pourra dire ce qu’on voudra sur Dark Crystal. Démodé, mou du genou, marionnettes inexpressives, émotions retranscrites par ces dernières sonnant faux, méchants ridicules et histoire bien trop compliquée et peu digne d'intérêt. Et si on se trompait? Et si c'était justement les films du genre de Dark Crystal qui étaient plus réalistes et beaux que les films d'aujourd'hui truffés d'images numériques et de personnages en CGI sans âmes ressemblant plus à des héros de jeux vidéo qu'à de vrais héros en chair et en os? Par son esthétisme original et réaliste, son message, ses musiques proches du travail de Basil Poledouris sur Conan Le barbare, la richesse de ses décors, la diversité de ses personnages, Dark Crystal force le respect par tant de magie et de créativité. Une œuvre d’art unique dont on aimerait en posséder le tableau.