Début de réconciliation avec un univers

Alice au pays des merveilles est un raté, l'erreur dans la filmographie du grand Tim Burton, un travail de commande sans âme en forme de redite d'un univers déjà archi connu. Pour remonter la pente vers les succès d'antan et un niveau alors juste impressionnant, le réalisateur est revenu aux sources de ce qui fait de son travail un monde à part et nous propose donc Dark Shadows en épiçant la recette qui a fait son succès.

Alors qu'Alice ressemblait à une pizza réchauffée trois ou quatre fois, cramoisie, sans saveur, ici, on retrouve le cuistot artisan qu'on connaissait et qui nous livrait tantôt des plats cinq étoiles, poétiques, histoires d'amour dans un monde de fous, rejets de la société attachants et dont on sentait la finesse à chaque plan, et parfois des plats un peu plus gras mais toujours aussi bons et auxquels on revenait avec plaisir après digestion toutefois.

Le chef n'a pas réussi à retrouver l'âme d'Edward chef-d'œuvre absolu et pièce maîtresse de son œuvre mais il retrouve ce qu'il avait perdu semble-t-il dans son dernier film : la foi.
La foi dans son art, l'histoire de sa vie et la fascination pour tous ces monstres qui s'ils sont loin d'être humains ont clairement bien plus d'humanité que le commun des mortels. Un welsh fort sympathique, la volonté de plaire, de bien faire et réussir le pari sans toutefois prendre trop de risques : servi avec des frites du Nord et une blonde de Belgique comme nos amis savent si bien les faire pour arroser le tout. On adore tous ça, mais attention, il ne faut pas abuser au risque de faire une indigestion, sauf peut-être pour les plus résistants, ces gouffres sans faim que sont les fans de M. Burton (petit clin d'œil à @potaille).

C'est globalement bien fait, la dualité inhérente à la condition de vampire peut faire frémir tout comme elle fait franchement sourire grâce à une accumulation de situations mettant en avant l'anachronisme qu'est Barnabas Collins. Les seventies et leur esthétique inoubliable, au point qu'on pense tous les avoir vécues font leur effet et le casting s'en donne à cœur joie. L'artisanat du réalisateur est bel et bien présent ici aussi et rend le tout palpable, dans un univers parallèle si proche et si lointain à la fois. Ne critiquons pas ce qui est bon et sans être indulgent pour deux sous, il faut reconnaître que le film est bon sur de nombreux points et permet au spectateur de passer un bon moment de cinéma, sans la 3D omniprésente dès qu'il s'agit d'une production du genre ce qui est un atout majeur.

Pourtant, si la réconciliation a débuté, le traité n'est pas encore signé et Tim Burton a encore des efforts à faire pour retrouver la niaque qui faisait de lui un visionnaire au début de sa carrière. Un peu trop d'auto citation et surtout le sempiternel même casting dont on finit par se lasser. Qu'on s'entende bien, il ne s'agit pas de dire que tel ou tel acteur est mauvais, mais il arrive un moment où toujours retrouver le duo d'acteurs fétiches du réalisateur empêche toute surprise, notamment lorsqu'il s'agit de personnages comme Johnny Depp ou Helena Bonham Carter, dont on pourrait presque finir par confondre les prestations dans la filmographie du réalisateur. En attendant le prochain resto, il va falloir faire du sport pour digérer tout ça, tant mieux, l'été est là.
Carlit0
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le 9 juin 2012

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